ALTA MONTAGNA E PASCOLI
Pour conduire les bêtes jusqu'à l'herbe, jusque dans les moindres recoins du territoire, les montagnards avaient aménagé des abris, des étables et des maisons partout où ils avaient le droit de faire paître leur bétail.
LA VATSE VAT À L'ERBA, LE MONTAGNARD LA SUIT..
par Claudine Remacle
Gressan 1899: enfants bergers avec les vaches.Des systèmes agropastoraux différents organisent l'exploitation de l'herbe et des pâturages. Ils caractérisent de façons variées les paysages alpins, car ils exigent la construction de bâtiments utilitaires différents : parcs à moutons ou à veaux, montagnettes à l'orée des bois communs et des pâquiers, semis d'étables minuscules ou longs bâtiments étagés sur les versants. En pensant " pâturages ", on imagine la pelouse d'altitude ponctuée de fleurs qui palpitent sous le soleil au gré du vent. Or, malgré ce cadre idyllique, en Vallée d'Aoste la tradition veut que le bétail bovin ne pâture la prairie en été que sous l'œil vigilant du berger, après la traite à l'étable, pendant la matinée et en début de soirée. Les vaches passent tout le reste du temps au repos à couvert. Ce rythme quotidien les suit dès les premiers beaux jours jusqu'à l'automne et dès leur plus jeune âge. Certes, il arrive que les génisses et les veaux restent la nuit à la belle étoile à la Tsa, dans les plus hauts alpages au mois d'août, mais ce sont là des journées exceptionnelles… Pour conduire les bêtes jusqu'à l'herbe, jusque dans les moindres recoins du territoire, les montagnards ont aménagé des abris, des étables et des maisons partout où ils avaient le droit de faire paître leur bétail. De nombreuses constructions, souvent à l'abandon, témoignent de cette exploitation extensive des montagnes poussée à l'extrême par nécessité. En Basse Vallée, on rencontre des abris jusqu'aux endroits les plus inaccessibles où poussaient quelques fils d'herbe entre et sur les rochers.
Cet habitat lié au pâturage n'était parfois utilisé que quelques jours pendant la saison productive, la " bonne " saison. On comprend son aspect rudimentaire, car il devait en outre résister à des conditions climatiques rudes. Les formes architecturales du passé, mais aussi, en général, celles d'aujourd'hui, sont donc d'une grande cohérence, car à l'altitude des hauts pâturages d'été le poids de la neige en hiver, la force du vent, le souffle de l'avalanche sont sans pardon. En cas de transgression au code d'adaptation au milieu, il est fréquent que la nature rappelle à l'ordre qui lui a désobéit ! Comme les plus vastes alpages sont situés à l'amont des forêts, l'utilisation du bois était réduite au minimum : murs épais en pierre sèche, voûtes en berceau recouvertes de terre, toiture de lauzes posées sur une charpente puissante composée de quelques poutres et de poteaux en apparence surdimensionnés, mais sans débordements en façade pour n'offrir aucune prise aux forces naturelles. La simplicité des formes, alliée au choix des sites et des éléments naturels de protection, se mariait à la pente et aux lignes essentielles des reliefs alentours.
Le régime de la possession des droits d'herbage a, au surplus, marqué les paysages humanisés d'altitude. Malgré les mutations des 19ème et 20ème siècles, ils conservent encore çà et là le témoignage du genre de vie et de production alimentaire tirée de l'utilisation de l'herbe : d'un côté les grandes roues de fromage destinées au commerce depuis des siècles, gruyère ou fontine ; de l'autre le beurre et les petites formes, maigres ou semi grasses, fabriquées pour la consommation familiale. Les longues étables avec fromagerie des grandes montagnes sont bien différentes des groupements de chavannes des petites montagnes aujourd'hui touchées d'abandon. Ces " villages " d'alpage, tels qu'on en rencontre à Cogne, à Valgrisenche ou à Valtournenche nous rappellent que femmes et enfants passaient sur l'alpe une partie de l'été avec une ou deux vaches, des chèvres et quelques moutons. Chaque famille y faisait son fromage séparément, mais les bêtes allaient au pâturage ensemble sur les propriétés en consorterie des alentours.
Que ce soit aux abords des villages, des champs et des prés de fauche, le moindre fil d'herbe était exploité, les pierres étaient ramassées et amoncelées en murgère. Elles servaient au besoin à construire un abri, baou, barme, cabouetta, gavenò, tsavanna, pour éviter les déplacements trop longs et conserver ainsi une bonne production laitière.
   
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