VERTA VALLAYE
La bonne gestion des fôrets est fondamentale pour l'entretien du territoire et d'intérêt pour l'economie.
LA FORÊT EN TANT QUE PROTECTION
di Carlo Lyabel
La désastreuse inondation d'octobre 2000, encore si présente dans la mémoire et les esprits des valdôtains à cause tant des victimes que des dommages qu'elle a provoqué en un si court laps de temps, a constitué aussi un précieux enseignement des principes à suivre pour une correcte gestion du territoire.
Nos ancêtres n'avaient pas fait nos études, mais savaient regarder la nature et transmettre par voie orale d'une génération à l'autre le fruit de leurs observations: il leur arrivait certes d'encourir des malheurs et des calamités, car la nature et la montagne réservent toujours des surprises, mais du moins ils ne les provoquaient pas par leur imprudence ou leur présomption, et, plus modestes que nous, ils savaient de ne pouvoir compter que sur leurs seules forces. Les moyens techniques et les capitaux dont nous pouvons disposer aujourd'hui nous font croire de pouvoir faire ce qu'autrefois était interdit par les forces naturelles: qui cependant sont toujours là, prêtes à dépasser nos prévisions et nos ouvrages les plus hardis.
L'apaisement des forces naturelles en des situations futures telles que celle d'octobre 2000 ne pourra découler que du maintien, sinon de l'augmentation sur l'ensemble du territoire, de l'efficacité des facteurs physiques et naturels qui favorisent la stabilité des sols, sans pourtant pouvoir atteindre leur immobilité. On ne peut donc viser qu'à réduire la fréquence et les effets des événements naturels en question, car il faut tenir compte aussi de deux autres facteurs négatifs qui ont vu croître leur influence au cours de ces dernières décennies: l'élévation de la température moyenne annuelle sur l'ensemble du globe terrestre, qui produit le dégel des terres d'altitude et, par conséquent, des coulées de boue s'ajoutant au débit solide des cours d'eau; et le déclin des activités agricole et sylvicole, suite à l'évolution de l'économie et au dépeuplement de la montagne.
Le premier de ces deux facteurs est la cause non seulement de nombreux éboulements d'altitude, mais aussi de glissements de pans entiers de sol portant des portions de forêt. Quant aux conséquences de la crise de l'agriculture et de la sylviculture de montagne, elles sont sous les yeux de tout le monde: abandon presque total des cultures céréalières et de leurs structures; évolution de l'agriculture vers un élevage bovin presque exclusif doublé, où elle est possible, d'une viticulture d'appoint; l'arrosage par aspersion qui a substitué presque partout l'ancien procédé par écoulement, moyennant l'imperméabilisation préalable des canaux d'adduction (les rus), d'où le dessèchement des pentes traversées et la diffusion d'incendies de forêt ravageurs, provoqués trop souvent par un emploi hâtif et imprudent du feu; la mécanisation généra1isée de la pratique agricole, symbolisée par la disparition des vieux outils manuels avec tout un ancien savoir-faire et, hélas! , de notre vieux et fidèle compagnon le mulet, délaissé aussi par le corps des Alpins.
La couverture entrelacée des racines retient le terrain.Les forêts sont, à leur tour, sous-exploitées pour diverses raisons: baisse de rentabilité du bois de construction de provenance locale par rapport aux produits d'importation, plus variés et de meilleure qualité ; grande disponibilité de matières premières autres que le bois à brûler, pour les besoins des familles, des transports et de toute activité nécessitant un apport d'énergie; un mode et un niveau de vie tout à fait récents qui, surtout dans le monde occidental, ont entraîné un bouleversement total des habitudes et des besoins individuels, familiaux et collectifs, ainsi que des façons et des moyens économiques et techniques pour les satisfaire; une diminution de travailleurs manuels frisant presque leur disparition, ce qui est à l'origine d'un fort courant d'immigration en provenance des pays moins développés. Il ne faut donc pas s'étonner si des municipalités n'arrivent parfois pas à trouver d'exploitants des lots de forêt mis à l'enchère, et si des jeunes ne connaissent plus les parts de forêt de leur propriété.
Les conséquences d'une telle situation sont évidentes, surtout pour ceux qui traversent les forêts de chez nous avec un regard attentif: peuplements vieillis et surannés; arbres trop vieux qui terminent leur carrière en s'écroulant sur les peuplements dominés; jeunes peuplements et perchis dont la densité excessive par manque de soins culturaux compromet la vigueur et l'avenir; manque diffus, malgré les prescriptions des plans d'aménagement forestier, de coupes intercalaires d'éclaircie susceptibles d'assurer la continuité de la régénération des forêts; et, sur toute leur étendue, un épais et étouffant tapis de bois mort que personne n'utilise plus comme autrefois pour les besoins courants, et qui constitue un très grave danger de diffusion d'incendies de forêt, partant souvent, surtout au printemps, des feux de campagne allumés pour éliminer ces mêmes déchets végétaux autrefois si précieux pour l'économie agricole. On peut affirmer que l'économie forestière de montagne, non seulement cm Vallée d'Aoste, a subi de plein fouet depuis déjà une quarantaine d'années l'impact de cette globalisation de l'économie dont on discute tant de nos jours.
La conséquence naturelle de cet état des choses est que des forêts peu exploitées et entretenues, à cause surtout du manque d'une demande soutenue et variée de leurs produits, ne peuvent que finir par réduire d'autres fonctions qui leur sont propres et qui constituent un des fondaments physiques dont dépend la possibilité d'une présence humaine en territoire de montagne: car des forêts vieillies et souffrantes ne sont pas en état d'offrir à l'homme résident en montagne les mêmes bienfaits que des forêts cultivées rationnellement selon des principes à la fois techniques et naturels. En effet, la partie aérienne des arbres non seulement purifie l'air en absorbant l'anhydride carbonique y présente et en lui cédant de l'oxygène, mais de surcroît elle protège le sol du heurt des pluies battantes et diminue leur ruissellement en surface; et, à son tour, le réticule de l'appareil radiculaire crée un tissu spongieux très efficace qui assure en même temps la transmission vers le haut des plantes des éléments nutritifs hydrominéraux et la fixation de la couche supérieure et fertile du sol aux assises géologiques sous-jacentes, évitant ou réduisant ainsi le processus d'érosion et de décomposition du terrain. Ce qui se résume justement en une garantie de stabilité des sols et des versants.
Ajoutons à tout cela la quantité d'eau que chaque arbre absorbe du terrain pour ses besoins de vie végétale et pour son développement, consommation que des scientifiques calculent en raison d'environ 150 à 350 litres pour la formation d'un kilogramme de matière ligneuse: quantité variant d'une essence végétale à l'autre, selon leurs exigences physiologiques. Nous pouvons nous rendre compte, par ces seuls chiffres, de l'importance du rôle que la forêt joue sur le régime des eaux et de leur cours, surtout quand elle est respectée, bien gérée et en bonne santé, en différant le flux des eaux vers l'aval et en reconstituant et entretenant les sources.
Nous pouvons aussi bien imaginer l'intensité de l'action de pompage des eaux effectuée par un hectare de forêt et la proportionner à l'étendue d'un couvert forestier dans un espace bien déterminé, qui, pour la Vallée d'Aoste, d'après les derniers relevés statistiques, se monte à un total de 86.550 hectares, correspondant à 26,5% de sa superficie territoriale, de 326.400 hectares: proportion qui peut paraître plutôt basse par rapport à d'autres régions d'Italie, mais qui correspond déjà à environ 50% de la superficie régionale cultivable et qu'il faut surtout interpréter à sa juste valeur en tenant compte du fait que notre région possède le plus puissant relief montagneux de toute la chaîne alpine, caractérisé par une altitude moyenne de 2106 mètres et par une rigueur climatique excluant toute possibilité d'installation de la forêt à des altitudes supérieures à une moyenne de 2300 mètres. Ce qui n'empêche pas que des exemplaires isolés de mélèze, d'arolle ou de pin mugho puissent atteindre des altitudes de 2800 mètres, en des conditions favorables.
De tout ce qui précède il nous paraît évident combien est importante la tâche qui incombe aux propriétaires de forêt, qu'ils soient publics ou privés, afin de parvenir à une meilleure gestion de ce bien d'un si grand intérêt général, soit pour l'économie que pour l'entretien du territoire.
Il ne serait pas vain, entre autres, de prèvoir des aides visant l'application sur grande échelle de la pratique du téléchauffage des centres habités et des quartiers citadins, car non seulement elle garantirait la continuité du chauffage en un pays au climat rigoureux, surtout en prévision de possibles coupures des fournitures du pétrole et de ses dérivés; mais, qui plus est, elle permettrait d'écouler en prix convenable les produits des coupes d'éclaircie et des nettoyages des couches surabondantes de bois mort, améliorant ainsi l'état végétatif des peuplements forestiers.

   
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