AMBIENTE
Il est temps de garantir l'accès aux vallées alpines en diminuant le trafic véhiculaire et la pollution.
TOURISME, TRAFIC ET POLLUTION
par Elena Landi
Courmayeur: parking touristique.L'on considère que, sur le Globe, quelque 570 millions de touristes se déplacent chaque année et que les Alpes en attirent au moins 120 millions, qui y séjournent au moins une nuit
II est vrai que, pour les Alpes, le tourisme a, de tout temps, représenté l'une des activités économiques parmi les plus importantes. Le benèfice est indiscutable: non seulement pour l'effet direct de la devise qui entre, mais aussi pour l'effet indirect qui permet à la population locale de ne pas devoir se déplacer à la recherche d'une occupation.
Pourquoi ne pas se réjouir d'un tel fait? Mais, s'il est certain que la montagne, pour continuer à vivre, a besoin du tourisme, il est moins facile de reconnaître quel est le type de tourisme dont on a besoin. Il importe de considérer que les Alpes sont un milieu particulièrement sensible avec un écosystème special pouvant servir de "bioindicateur d'alerte", car les effets des phénomènes s'y manifestent à l'avance.
En general, dans les Alpes, les valeurs de la circulation sont d'environ 100 milliards de km/voitures par an, dont 70 milliards de circulation interne (pour les 13 millions d'indigènes), 20 milliards de circulation touristique et 10 milliards de circulation de transit. Cela semblerait donner peu de poids a la circulation touristique, mais si l'on analyse les données avec un peu plus d'attention, l'on comprend que ce 20% se concentre en des périodes très limitées et en des zones très précises. Les autoroutes ont été bâties expressément pour ce 20%. L'on arrive même à avoir de 17.000 a 20.000 passages par jour dans des vallées très étroites: dans la plaine un tel poids nécessiterait d'autoroutes à quatre voies !
Les grandes stations comme Cortina, Madonna di Campiglio, Breuil-Cervinia sont aussi le symbôle des deuxièmes résidences, l'une des graves erreurs que l'on a commises dans le passé ! Il suffit de penser au chauffage de ces grands bâtiments et au fait qu'ils ne sont habités que quelques semaines par an pour se rendre compte de la gravité de ce phénomène tout à fait irréversible. Quelles sont les conséquences du tourisme massif qu'il est possible de constater de nos jours ? Les données sur les conditions de l'atmosphère sont très nettes. L'on a produit un phénomène d'inversion thermique dont il s'ensuit que, l'air chaud montant plus haut que l'air froid, l'on n'a plus de mélange optimal: les gaz et les fumées s'accumulent sous la première couche d'air froid comme sous une cicche et donnent lieu à cet air gris que l'on nomme smog. Un autre grand problème concerne la pollution acoustique qui devient très importante dans les Alpes à cause de la caisse de résonance produite par les montagnes, phénomène presque absent dans la plaine.
Chatillon: embouteillage à la sortie de la route régionale de la Valtournenche.Actuellement, le touriste n'est plus disposé à trouver à la montagne les mêmes conditions qu'il a quittées à la ville. Tenant compte de ce fait, toutes les stations touristiques sont en train de travailler en vue de trouver des solutions pour réduire la circulation. La convention des Alpes, adoptée en 1991 par 7 Pays Alpins, reconnaissant cette importante exigence, prévoyait la possibilité d'adopter des mesures officielles dans ce sens. Et e'est bien dans cette optique que le Gouvernement valdôtain a promulgué la loi n. 20, du 24 juillet 1996, portant l'institution d'un péage pour réutilisation de routes communales et régionales particulièrement congestionnées. La province autonome de Bolzano avait déjà, depuis les premières années '70, réglementé le trafic pour ce qui concerne l'accès à l'Alpe de Siusi sur Bolzano. De telles mesures ont provoqué partout des contestations de la part des opérateurs et des administrateurs locaux, mais elles ont contribué a rétablir, au moins partiellement, un juste équilibre entre la fruition touristique et la tutelle du milieu. Mais les solutions ne concernent pas seulement la circulation: le problème est global. Il touche à la planification territoriale, mais aussi à une offre touristique différente. Prenons l'exemple de Zermatt: il s'agit d'une commune qui, comme huit autres communes de Suisse sans voitures, a fait de la promotion sur ce choix. Mais cela ne suffit plus. Il faut arriver à faire partir le touriste de chez lui sans volture. Cela servirait à quoi de faire 600 kilomètres en voiture et les trois derniers sur un petit train ? Dans le sens global l'on aurait quand même beaucoup pollué. Il faut donc créer un système intégré de transport avec ce slogan: "La vacance commence chez soi", avec quelqu'un qui vient te prendre sans embouteillages et chaos. Et pourquoi encore toujours prévoir le samedi comme jour de début et de fin de vacances ? L'on pourrait échelonner les arrivées et les départs tout le long de la semaine dans le but d'une meilleure gestion. 85-90% des arrivées dans les Alpes se font en voiture. Cela dépend de la mentalité fort répandue, mais il faut commencer à conseiller des itineraries sans auto.
Naturellement, cela ne servirait à rien de promouvoir un tourisme de ce genre si les structures ne sont pas prêtes au passage.
En fait, à l'état actuel des choses, une famille avec des bébés, ou avec les skis, ou avec les VTT, accepterait mal de partir en train ou en autocar car les moyens publics de transport ne sont pas équipés pour un enfant ou pour des bagages spéciaux. En outre, le côte enfant crée aussi le problème des structures de reception qui ne sont pas partout préparées à recevoir des bébés (pensons aux couchettes, aux chaises, aux sièges pour voitures ou pour bicyclettes, aux havresacs, aux porte-enfants kangourous, aux réchauds pour biberons, landaus, poussettes,etc.).
Reconnue la nécessité de s'adresser vers un tourisme plus léger, l'on a voulu faire une enquête auprès de 200 touristes et 120 habitants locaux. Il en est résulté que Courmayeur, par exemple, est vu comme une ville chaotique et polluée à laquelle l'on reproche l'enorme trafic de voitures les embouteillages, les difficultés de parking, la diffusion des ordures dans les prés, les services non adéquats, et ainsi de suite.... ce qui risque d'entraîner un grave déséquilibre entre l'offre et la demande. Il faut se rendre compte que tout ne peut être accessible à tous. Les Orientaux affirment que "qui n'est que curieux ne peut avancer des droits". Les aires protégées doivent bénéficier d'un accès réglementé car elles n'ont point été congues en fonction de leur fruition touristique, mais, tout au contraire, ladite fruition devrait même parfois être limitée dans le temps et dans l'espace, voire même interdite (pour ce qui concerne les réserves intégrales). Les solutions possibles à l'actuelle situation fort déplorable sont:

a) la revitalisation et la requalification des agglomérations urbaines. L'on aurait moins besoin de s'enfuir d'une ville où la vie serait plus naturelle.

b) la réalisation de services publics moins polluants pour ce qui concerne les transports.

A' ce propos, la Suisse, par son réseau de transports bien organisé, se met au premier plan parmi les pays qui cherchent a résoudre les problèmes liés au trafic automobile. En Vallèe d'Aoste, à Courmayeur, le 23 novembre 1996, un Congrès s'est tenu dans lequel ont été discutées des expériences et des perspectives pour le tourisme et le trafic dans les Alpes. L'assesseur régional à l'Environnement, M. Riccarand, y a fait remarquer qu'il s'agit d'un grand thème qui concerne toute l'Europe. Depuis la "découverte" des Alpes l'on a cherché à attirer les touristes en créant des autoroutes, en creusant des tunnels, mais il est temps de garantir l'accès dans les Alpes sans pollution ultérieure. Les transports routiers, qui avaient été encouragés au cours des années '80, devraient être réglementés, voire même par des tarifs de transit. Toutefois, l'écotaxe sur le transit des poids lourds, qui avait été proposée, se trouve en ce moment devant la Cour Constitutionnelle qui doit en decider la possibilité de réalisation.
L'on est parvenu à un tel point qu'il n'est plus possible de discuter. Il faut absolument que des mesures efficaces soient adoptées dans les plus brefs délais.
   
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