BENI CULTURALI
Dépossédé de son rôle de sentinelle, le fort de Bard se prête fort bien à un rôle culturel et promotionnel, en étroite connection avec le bourg.
UNE PORTE QUI S'OUVRE SUR LA VALLE E D'AOSTE
par Liliana Signorino
De très beaux détails architectureaux retiendront votre attention lors de la visite du vieux bourg.Bien qu'aucun document historique ne soit parvenu jusqu'à nous, il existe plusieurs citations chez les auteurs anciens et ce, à partir du VIe siècle, d'un ouvrage de défense, les Clausurae Augustanae, que les Lombards auraient érigées sous le règne de Théodoric. Les premiers bâtiments qui furent construits sur les flancs du Truc Chaveran, où s'élève le fort de Bard, au cours du XIe siècle assuraient probablement le contrôle de la circulation dans ce secteur des Alpes. Ensuite, munis d'ouvrages de défense, ils prirent l'aspect d'une forteresse. Pendant la période napoléonienne, l'armée française qui se rendait en Italie la détruisit car elle représentait un obstacle au passage des troupes. En 1827, le roi piémontais Charles-Félix ordonna la reconstruction de la forteresse les travaux, entrepris en 1830 sous la' direction de l'ingénieur militaire Francesco Antonio Olivero, s'achevèrent en 1838 sous le règne de Charles-Albert. Le système des fortifications comporte trois "ouvrages" situés respectivement à 400, 425 et 467 mètres d'altitude et dénommés Ferdinand (ouvrage inférieur), Victor (ouvrage moyen) et Charles-Albert (ouvrage supérieur). Cet exemple remarquable d'architecture militaire nous est parvenu presque intact car il n'a jamais été concerné directement par des faits de guerre. Le fort de Bard fut ensuite utilisé comme entrepôt de munitions jusqu'en 1975, lorsqu'il passa du domaine militaire au patrimoine de l'État. Tout récemment il est devenu propriété de la Région Vallée d'Aoste. Si les caractéristiques de ce fort sont intéressantes, il ne faut pas pour autant oublier le bourg de Bard, riche en remarquables édifices d'origine médiévale. Aux alentours du fort et du bourg, il est possible, entre autres, d'admirer des témoignages archéologiques tels que des graffitis rupestres datant du néolithique ou de l'âge du bronze et des ouvrages romains, vestiges de l'ancienne route des Gaules.

POURQUOI LE FORT DE BARD?
Le fort de Bard, bati en un endroit strategique, surplombe la vallée encaissée.Les premières propositions visant la réaffectation du fort de Bard et la réhabilitation du bourg remontent à la fin des années quatre-vingts. L'acquisition du fort par la Région s'est alliée à la volonté politique de transformer ce site suggestif en un centre de valorisation culturelle et touristique de la Vallée d'Aoste et de la civilisation alpine en général. Mais pourquoi le fort de Bard ? Pour deux raisons essentielles pour sa position stratégique du point de vue environnemental et géographique et pour son intérêt historique et culturel. Pour ce qui est de leur emplacement stratégique. à cause de l'étranglement de la vallée centrale
entre le Truc Chaveran et le Bec Saint-Jean, le fort et le bourg de Bard voient confluer à leur pied toute la circulation automobile entre Italie et France (tunnel du Mont-Blanc et col du Petit-Saint-Bernard) et entre Italie et Suisse (col du Grand-Saint Bernard), ainsi que le trafic ferroviaire vers Aoste ou provenant d'Aoste. La silhouette majestueuse et imposante de la forteresse, qui regorge d'histoire, fait le reste et son charme mystérieux attire le regard de tous les voyageurs.

LES PROPOSITIONS DE RÉAFFECTATION
Le fort domine le vieux bourg de Bard.Au cours de ces dernières années, différentes propositions de réaffectation ont été formulées, visant toutes à faire du fort un centre d'activités susceptible d'avoir des retombées positives sur l'économie de la zone. Ces propositions portèrent d'abord sur une utilisation rigoureusement scientifique et culturelle de la forteresse: centre d'études universitaires, fondation pour la recherche pharmacologique... Puis il fut envisagé d'associer aux buts culturels un rôle d'information et de promotion de la Vallée d'Aoste. Au nombre de ces dernières propositions figure une étude de faisabiité élaborée par un groupe de conception coordonné par l'architecte Paolo Ceccarelli, qui a recueilli un large consensus, même à l'échelon local. Ainsi, le fort de Bard, utilisé comme centre culturel et de promotion de la Vallée d'Aoste, deviendra-t-il une véritable porte de notre Région. Il devra remplir la tâche d'attirer l'attention des personnes qui, chaque année, par millions, parcourent le fond de la vallée et de l'orienter vers les initiatives touristiques et culturelles offertes par la Vallée d'Aoste.

L'ÉTUDE DE FAISABILITÉ
L'étude de faisabilité et le plan opérationnel pour la réhabilitation du fort et du bourg médiéval de Bard ont été élaborés par une équipe de spécialistes composée d'un urbaniste, d'un économiste spécialiste des biens culturels, d'un architecte expert en restauration monumentale et de deux ingénieurs. Elle a été commandée en novembre 1993 par le Gouvernement qui a créé, entre autres, une commission technique d'évaluation du travail réalisé par le groupe de conception. Cette initiative a bénéficié d'une aide de la Communauté européenne qui a destiné la somme de 12 milliards de lires à la réalisation de ce projet. Étant donné qu'il n'est pas aisé de convertir une forteresse dont le but était de repousser les gens en une structure dont le but est, au contraire, de les accueillir, le plan des travaux était vaste et complexe. Au nombre des problèmes à résoudre figurent, entre autres l'accès à l'ouvrage supérieur Charles-Albert, situé en haut d'une pente dont le dénivelé par rapport au fond de la vallée est de plus de 100 mètres l'exiguité de certains espaces intérieurs, à laquelle s'ajoute la présence de parois très épaisses ; la nécessité d'aménager des parkings sur un territoire où la plupart des zones appropriées - par ailleurs peu nombreuses - ont déjà été utilisées dans d'autres buts.

LES PROPOSITIONS
L'étude de faisabilité en question prévoit des possibilités d'utilisation publique du fort pendant 8 ou 9 mois au cours de l'année, sans qu'aucune atteinte ne soit portée aux structures existantes. Le fort sera à la fois:
1.Musée de la culture, de l'art, de l'ethnie, de l'environnement et des activités de l'homme en Vallée d'Aoste. Le projet prévoit mème l'aménagement d'un secteur destine à toutes les cultures et traditions alpines. Le musée pourra être, en partie, permanent.
2. Centre d'expositions les contenus, non établis à l'avance, changeront à chaque fois, selon l'orientation culturelle fixée par l'organisme chargé de gérer le centre.
3.Centre d'information et de promotion de la Vallée d'Aoste pour faire connaître les itinéraires culturels, touristiques et sportifs en vue de la découverte du territoire et accueillir congrès et activités de promotion.
4. Centre de formation lié au musée doté d'un atelier de restauration, notamment des objets de l'artisanat local (en bois, pierre et tissus).
5.Support des activités sportives traditionnelles et des activités de valorisation de l'environnement.
Les affectations proposées et les services y afférents exigent une réhabilitation totale des ouvrages fortifiés. Toute hypothèse d'utilisation partielle du fort est donc éliminée a priori. Dans ce contexte, la réhabilitation du bourg médiéval s'avère indispensable car toutes les activités qui se dérouleront dans le fort, nécessiteront, inévitablement, une série de services commerciaux et d'accueil. Il est, par ailleurs, certain que les retombées positives sur l'économie et l'emploi ne concerneront pas uniquement Bard, mais toute la zone environnante.

LES SOLUTIONS
L'accès au fort et les parkings s'avèrent les principaux obstacles que ce projet doit surmonter. Selon l'étude de faisabilité, la solution la plus rationnelle, bien qu'onéreuse, pour améliorer la circulation sur la route nationale n° 26, est représentée par la construction d'un tunnel sous le fort et le bourg. Le projet prévoit, entre autres, la mise en place d'un système d'ascenseurs inclinés, avec billets payants, qui permettrait ainsi d'accéder à l'ouvrage supérieur Charles-Albert, véritable coeur de la nouvelle structure. Quant au problème des parkings, l'étude de faisabilité prévoit la réalisation d'aires de stationnement publics couverts pour les résidants aux alentours ou même à l'intérieur du bourg. D'autres parkings destinés aux visiteurs pourraient étre aménagés dans des zones encore inutilisées le long de la Doire, sur le territoire de la commune de Hône. De plus, pendant les périodes de plus grande affluence touristique, des navettes entre Pont-Saint-Martin et Hône pourraient être prévues.
Pour ce qui est de la restauration du fort, il importe de souligner que les édifices destinés à devenir le coeur de la nouvelle structure sont situés dans les ouvrages supérieurs qui se prétent àmerveille à l'aménagement d'expositions, salles de congrès et bureaux. Il est, par ailleurs, essentiel de remettre en état les deux vastes cours qui, grâce àune couverture adéquate, pourraient améliorer l'utilisation du complexe en tant que musée. Les ouvrages inférieur et moyen pourraient, par contre, accueillir d'autres activités ou bien les services techniques desservant l'ouvrage supérieur.

LE BOURG: UNE PARTIE INTEGRANTE DU PROJET DE REHABILITATION
Il est impossible d'imaginer une réaffectation si ambitieuse du fort sans une réhabilitation du bourg. Ce dernier devra remplir les plus importantes fonctions commerciales et d'accueil liées à la nouvelle desti-nation du fort. Les documents d'urbanisme communaux et supra communaux devront obligatoirement étre revus compte tenu de l'aménagement préconisée. Il est, par ailleurs, prévu d'engager des crédits en vue de la remise en état de bâtiments publics, de l'achat et de la réfection de bâtiments privés revétant un intérêt particulier et de l'octroi de subventions aux particuliers afin de les mobiliser dans le projet de réhabilitation du bourg. Le système fort/bourg, ainsi restauré, ne pourra s'avérer que plus attrayant. Enfin, la réalisation du tunnel prévoit une réorganisation totale de la voirie à l'intérieur du bourg.

 

PROJETS LÉGISLATIFS, FINANCEMENTS ET GESTION
La loi régionale n" 68 du 1er décembre 1992 avait pour but de promouvoir la réhabilitation du bourg médiéval de Bard, afin d'arrêter le processus de dégradation de son patrimoine historique et architectural. Cette même loi réglemente le versement des fonds destinés à la réhabilitation des immeubles par l'administration communale et par les particuliers. Avec l'approbation d'un projet de loi - qui sera soumis au Conseil - concernant la remise en état et la valorisation du fort et du bourg, le Gouvernement régional ouvre le chapitre de la réabilitation globale dans le cadre d'un projet ciblé de relance de l'économie et de l'emploi de toute la zone. Ce projet de loi porte adoption de l'étude de faisabilité et du plan opérationnel proposés par le groupe de conception et, parallèlement, la mise en route des investissements. A ce propos, la constitution, par le biais de la Finaosta SPA, d'une société dénommée Finbard, à capital entièrement régional, est envisagée. Ces modalités opérationnelles permettront d'accélérer le circuit d'acquisition des financements de l'Union européenne, de l'Etat et de la Région, et assureront, entre autres, le contrôle total de la Région, indispensable en raison du contexte culturel et environnemental délicat et complexe qui est en cause. La gestion des activités sera confiée à une fondation composée par la société susmentionnée et par d'autres sujets publics et privés. Le choix de confier les tâches de gestion à un sujet de nature privée (tout en permettant à la société régionale d'opposer son veto dans les matières les plus délicates) assure une flexibilité et une efficacité plus grandes dans la production des services et représente un point de jonction entre le secteur public et le marché.

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CHEMIN DE DÉCOUVÉRTE DES GRAVURES RUPESTRES ET DES MERVEILLES GÉOLOGIQUES
Bard est un pays de pierres. Coincé entre deux ressauts cristallins resserrant la vallée, le bourg se mêle aux rochers qui le surplombent et qui pointent sous les rues et les maisons. Mais quelle est donc la nature de ces roches si tenaces, ayant résisté aux creusements pliocènes comme aux glaciers quaternaires ? Les amoureux des paysages insolites et des beautés naturelles se contenteront d'admirer leurs surfaces imposantes, doucement moutonnées sur l'ensemble du promontoire en aval du fort, ou faillaes à la verticale sur le grand rognon en amont de la route romaine. Ces grands affleurements -beiges ou bruns de roche rougueuse sont sillonnés par des multitudes de filonnets blancs, larges de quelques millimètres à quelques mètres, souvent tordus et repliés, soulignant les vagues arrondies du moutonnement glaciaire ou révélant par leur géométrie bizarre les déformation de la masse rocheuse sur les failles plates. Les curieux de la nature pourront noter que la roche à la cassure fraîche est beaucoup plus verte que la surface altérée des failles et des roches moutonnées, et que par endroits les filonnets blancs sont entourés de mica blanc et d'autres petits cristaux verts ou roux. lls auront ainsi découvert que la roche est un mélange de matériels provenant de la croûte continentale (cristaux clairs et légers) et des profondeurs litosphériques (cristaux verts, sombres et lourds). Ajoutons, pour les experts, que la roche a été plusieurs fois rééquilibrée à des profondeurs variables, jusqu'à une centaine de km sous le sol, et que la dernière régénération s'est effectuée il y a 38 millions d'années, avant de remonter à la surface. Rapprochons-nous des affleurements moutonnés par le chemin de découverte. D'abord nous remarquerons de gros blocs anguleux posés au hasard sur notre roche lisse. C'est un échantillonnage du matériel transporté par l'ancien glacier quaternaire et abandonné lors du retrait. A la baie du premier rocher une forme très particulière a été gravée sur le plancher par nos ancêtres: il s'agit d'un ensemble de lignes évoquant un serpent ou un dragon. Toute la surface ondulée est d'ailleurs sillonnée par les stries parallèles qui enregistrent la direction de la masse glaciaire ce dernier phénomène est donc tout à fait naturel. Les visiteurs lesplus aventureux pourront s'avancer jusqu'au bout du promontoire pour admirer une des plus belles marmites des géants, profonde de plusieurs mètres, en position très insolite et très panoramique.

(par Francesco Prinetti)
 

   
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