Walser
Le Mont Rose au centre d’une nouvelle stratégie de développement durable où culture et environnement constituent la bonne voie vers l’adaptation aux changements climatiques.
CLIMALPTOUR: PETIT PROJET, GRANDE OPPORTUNITÉ
par ELENA LANDI
Fonctionnaire du Département des Transports et journaliste publiciste.
Dans le cadre du programme de coopération territoriale Espace Alpin 2007-2013 seize partenaires de six Pays différents (France, Italie, Suisse, Autriche, Allemagne et Slovénie) ont donné le jour au projet ClimAlpTour, dont les contenus étaient focalisés sur le changement climatique et son impact sur le tourisme alpin. Démarré fin 2008, le projet s’est achevé dans l’automne 2011. Le chef de file était italien, la Regione Veneto, et parmi les partenaires l’on comptait aussi le Ministère italien pour l’Environnement ainsi que l’Eurac de Bolzano et le WWF. En ce qui concerne la Vallée d’Aoste, ce sont le Département des Transports de l’Assessorat régional du Tourisme, des Sport, du Commerce et des Transports et la Direction Environnement de l’Assessorat régional du Territoire et de l’Environnement qui y ont participé en tant que partenaires, en s’appuyant sur la Fondation Montagne Sûre de Courmayeur pour le côté technique. En partant du fait que le changement climatique conditionnera l’évolution de l’environnement toujours plus dans les années à venir, une nouvelle conception du tourisme alpin s’avère nécessaire : une conception (appliqué surtout au tourisme d’hiver) qui ne peut qu’être le fruit d’études attentives et partagées avec les acteurs économiques des territoires impliquées. Dans ce contexte, les partenaires du projet ClimAlpTour se sont préalablement accordés sur les indicateurs et les modalités de travail à adopter, pour que les résultats des enquêtes sur 26 cas d’étude pussent être effectivement comparables. Une enquête a été menée sur les sites pilotes ; en Vallée d’Aoste ont s’est concentré sur Valgrisenche et le domaine du Mont Rose (communes de Gressoney-Saint-Jean, Gressoney-La-Trinité et Ayas). La Fondation Montagne Sûre a coordonné le travail sur les données environnementales : en partant du choix des indicateurs, qui a porté à l’identification de 24 paramètres, l’analyse approfondie des données neige, avalanches et glaciers (essentielle pour comprendre les changements climatiques) a été mise en place sur les deux sites pilotes. Le Département des Transport a effectué le recueil des données à caractère économique et touristique. Pour la partie de recherché sociale à proprement parler - sur l’indication du Ministère italien de l’environnement -, c’est le groupe de recherche de l’Université Ca’ Foscari de Venise, qui travaille sur les effets des changements climatiques sur le système socio-économique, et l’EURAC de Bolzano, important centre de recherche et de formation, qui ont coordonné le travail. L’étude a démarré, en automne 2009, par le recueil des informations nécessaires à définir la situation actuelle, conséquence de son évolution à partir de 1975. Deux typologies de données ont été prises en considération : les données objectives venant de sources documentaires et les données subjectives venant des entretiens conduits avec les porteurs d’intérêts, la population locale et les touristes.le Massif du Mont Rose vu depuis le Lac Gover Les donnéesdocumentaires concernaient trois macrogroupes : les parameters environnementaux, les informations liées au tourisme et aux transports et les données économiques. Le résultat donne lieu à l’élaboration de graphiques qui indiquent ce qui s’était produit dans les 35 dernières années et une vue d’ensemble de l’offre touristique territoriale. Les données subjectives– se référant strictement à la contemporanéité - ont été recueillies selon deux modalités différentes :d’un côté la réalisation d’interviews à un échantillon significatif d’administrateurs,d’opérateurs socio-économiques,de touristes et de résidents ;de l’autre la réalisation d’une analyse conjointe, coordonnée par l’EURAC,pour identifier les attentes des touristes potentiels face à leurs vacances dans les sites alpins. Le croisement de ces informations objectives et subjectives, historiques et contemporaines a permis de constituer une base d’indicateurs, portrait de la situation, à disposition des phases successives de l’enquête.la Piramide Vincent Voilà donc que les chercheurs de l’Université vénitienne ont été impliqués et ont mis à disposition du projet leur système DSS (decision support system),capable d’effectuer une analyse basée sur plusieurs critères pour déterminer les strategies d’adaptation les plus efficaces et durables à la demande. Il s’agit de comparer les données recueillies en y apportant des correctifs permettant une analyse capable de donner des indications sur les stratégies à appliquer pour le développement souhaitable. L’identification des correctifs à apporter a été faite selon une modalité participative: porteurs d’intérêt, population et touristes ont été invités à participer à des ateliers au cours desquels un modérateur questionnait les participants au sujet du développement potential des territoires sous analyse dans les vingt prochaines années, sans perdre pour autant de vue la réalité face à laquelle il fallait se confronter.Les suggestions venant des ateliers ont été ensuite informatisées et ce processus a permis de conceptualiser la perspective d’évolution la plus appropriée tant du point de vue des coûts que des bénéfices. Un instrument qui peut aider les administrateurs et tous ceux qui – à différents niveaux – sont appelés à prendre des décisions stratégiques pour le développementdes territoires.Hiver à Gressoney-La-TrinitéQuant au domaine du Mont Rose, les résultats du projet ont indiqué trois stratégies possibles : la première vise à intensifier l’exploitation des sports et des loisirs de la haute montagne(le ski sous toutes ses formes, l’alpinisme et la randonnée) ; la deuxième est focalisée sur la mise en valeur du patrimoine culturel, de l’accueil à la production kilomètre zéro ; la troisième« trois vallées, un seul nom »vise à l’amélioration des transports et du commerce en faveur d’un tourisme annuel dessaisonné. L’application du logiciel à ces trois stratégies a indiqué la deuxième comme étant la plus convenable, qui permet de rendre la sauvegarde du patrimoine territorial (au sens large du mot)contextuelle à l’accueil touristique,dans le plein respect du milieu.Pour ce qui concerne Valgrisenche,trois stratégies aussi sont sorties de l’atelier. La première envisageait le développement de l’offre liée aux traditions et aux produits locaux.Valgrisenche a, en effet, un riche patrimoine dans le secteur textile (avec la production des célèbres draps) et de la fromagerie. La deuxième prévoyait l’augmentation de l’offre liée à la pratique des sports d’hiver (le ski,notamment), tandis que la troisième suggérait de valoriser la nature et le relax, en améliorant l’offre destinée aux familles. C’est la première stratégie qui a été préférée.Dans les deux sites pilotes une quatrième stratégie avait toujours été envisagée: la conservation de la situation actuelle, mais elle n’a jamais été considérée gagnante.Finalement, après le travail des chercheurs et des techniciens, a débuté la phase de restitution des résultats aux populations. Deux rencontres ont été organisées : l’une à Valgrisenche,pour la population de la zone et l’autre au Fort de Bard, destinée au site pilote du Mont Rose). À l’occasion,les résultats ont été illustrés etcommentés.Les issues ont été très intéressantes,surtout pour ce qui concerne la mise en valeur des aspects plus culturels et doux du tourisme, en contraste avec l’essor intensif du ski. L’aire du Mont Rose, notamment, est appelée à améliorer la mobilité et la connectivité entre les trois vallées qui composent le domaine et à envisager des actions qui augmentent la qualité de vie des populations, avec sans doute aussi la finalité de maintenir les personnes en montagne et de proposer une utilisation et un soin du territoire capable d’apporter de bénéfices au tourisme.La plus value de la culture Walser, en outre, évoquée à plusieurs niveaux du travail collectif, a constitué un point de départ favorable à la mise en oeuvre de la stratégie.Les résultats de ce projet ClimAlpTours ont importants surtout du point de vue de la méthode participative appliquée,qui a permis – pour la première fois - une confrontation collaborative entre les positions non nécessairement homogènes des administrateurs, de opérateurs socio-économiques et des citoyens/touristes. Le travail, finalement,a une forte potentialité de transféribilité car la méthodologie adoptée est à la disposition de toute communauté intéressée à répéter l’expérience vécue par les sites-pilotes, sans par ailleurs la contrainte d’un investissement important.
   
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