Entretien avec Manuela Zublena, Vice-Présidente de la Conférence Transfrontalière Mont-Blanc.
L’EVOLUTION DU PIT EMB

Ce numéro spécial d’Environnement permet de faire le point sur l’évolution du Plan integré transfrontalier - qui contribue à la réalisation du développement durable - et sur les activités de l’Espace Mont-Blanc, qui sont coordonnées, pour la Vallée d’Aoste, par l’Assessorat régional du territoire et de l’environnement, par le biais de la Direction de l’environnement.

Conjuguer la protection de l’environnement et la promotion des activités socioéconomiques est un concept qui reflète depuis toujours la volonté des communautés qui résident au pied du Mont-Blanc.
« Une politique de mise en valeur de la montagne, harmonisée avec la protection du patrimoine naturel et paysager, représente le fil rouge des interventions coordonnées par le PIT EMB – explique la Vice-présidente de la Conférence Transfrontalière Mont-Blanc – interventions qui concernent les communautés qui vivent et travaillent au pied de ce massif unique en son genre. Les trois versants du Mont-Blanc partagent un objectif commun : promouvoir une culture du développement durable tous azimuts. Le PIT constitue un ensemble de projets de coopération dans des secteurs divers, mais ayant pour objectif commun la promotion du développement économique et social d’un territoire transfrontalier situé de part et d’autre du Mont-Blanc. À la base de chaque action, il y a une méthode de travail – et, au vu de l’expérience acquise à ce jour, celle-ci s’applique au quotidien – qui se fonde sur l’intégration, la coordination et la concertation afin de susciter la participation de tous les porteurs d’intérêt. Les projets lancés par le PIT EMB – objet ce numéro d’Environnement – ont été mis en oeuvre sur le territoire sous forme de services concrets proposés à la population: je veux rappeler, par exemple, les audits énergétiques offerts aux citoyens de la Commune de La Salle, dans le cadre du projet « Villages durables » qui mise sur les technologies innovantes et sur les énergies renouvelables pour la gestion des villages alpins ; la navette « Alpis Graia » reliant le Valdigne au col du Petit-Saint-Bernard et le renforcement de la liaison par autobus entre Chamonix et Courmayeur pour le projet « Mobilité durable » ; le Marché agricole de la Valdigne qui vise à promouvoir les produits « filière courte » et la Foire gastronomique de Pré-Saint-Didier « Les Goûts du Mont-Blanc » au sein du projet « Saveurs d’hauteur ». Les 5 communes du Valdigne ont donné vie à ces projets avec la participation de la population, sur la base d’actions concrètes dont les retombées socioéconomiques ont été positives pour les opérateurs, en veillant à ce que ces initiatives relient la stratégie de développement durable avec les besoins de la vie quotidienne des communautés alpines. »

La signature des conventions de coopération en 2009. De gauche à droite, Solange Spinelli, Manuela Zublena et Eric Fournier.L’Espace Mont-Blanc vient tout juste de fêter son vingtième anniversaire et, au cours de l’année 2011, plusieurs rendez-vous ont mis l’accent sur l’importance de ce fait, qui a aussi permis de dresser un bilan.
« Pour construire l’avenir d’un site d’une beauté exceptionnelle tout comme d’une vulnérabilité élevée, de ses vallées et de leurs habitants, les élus valdôtains, valaisans et Savoyards ont décidé, il y a 20 ans, de dépasser les frontières par l’instauration d’une collaboration fondée sur une culture et d’origines communes. Le parcours des 20 premières années d’existence – explique encore Manuela Zublena – a permis de renforcer les rapports entre les institutions, de favoriser la participation de nouveaux acteurs locaux, ainsi que l’échange de connaissances scientifiques et de bonnes pratiques : il a ainsi été possible de définir un schema de développement durable commun. Les stratégies de ce schéma ont constitué la base sur laquelle, avec d’importantes ressources financières, ont été bâtis une cinquantaine d’actions réparties sur les 3 versants du Mont-Blanc, pour un budget global d’environ 12 millions d’euros, dégagés principalement grâce aux Fonds européens. »

Le travail effectué jusqu’ici, en particulier au cours de cette phase d’application, est indissociable des bases jetées par le passé.
« Quand la CTMB - ajoute la viceprésidente Zublena - a décidé de lancer l’élaboration du Schéma de développement durable, son objectif était clair. Elle entendait harmoniser les politiques de planification de ce territoire unique. Cette décision et le parcours qui s’ensuivit répondaient à une volonté qui se fit jour, de plus en plus clairement, au cours des années suivantes : cet espace était lieu élu pour l’application de politiques de développement durable de la montagne. C’était un défi qui, au premier abord, pouvait être considéré comme réservé aux techniciens, avec des études scientifiques et des elaborations spécialisées. Et pourtant l’histoire a démontré qu’il était possible d’effectuer un travail commun sur les trois versants du Mont-Blanc avec la participation non seulement des organismes institutionnels, mais aussi des expressions des forces socio-économiques et productives présentes sur le territoire. Le PIT est donc l’outil qui a permis de passer de la théorie à la pratique : il est ainsi entré dans le quotidien des communautés situées autour du Mont-Blanc, pour fournir des services à la population et pour augmenter l’efficacité des interventions, en misant sur une meilleure qualité de la cooperation et sur un dialogue élargi, grâce à la création de réseaux stables entre les différents acteurs. »

Dans le cadre de ce PIT, les interventions et les services ne constituent pas seulement une sorte de « bras armé » des principes établis dès la création de l’Espace Mont-Blanc : ils représentent aussi une invitation à considerer le futur de cette expérience décidément originale, au Coeur des Alpes occidentales.
« Compte tenu des résultats de ces vingt premières années – conclut la Vice-présidente Zublena – nous nous devons d’être ambitieux pour l’avenir et de viser à accroître et partager la sensibilité sur le concept de « valorisation active » de la montagne en conjugant la protection des milieux naturels à la promotion des activités socio-économiques. Tout ce travail ne prendra véritablement son sens que lorsqu’à l’engagement des spécialistes répondra une participation si forte et active de la population de ces territoires pour la réalisation des initiatives à venir. C’est à dire que nous pouvons, en quelque sorte, espérer une « évolution vertueuse », qui devra compter, d’une part, sur l’adoption d’engagements politiques et administratifs et, d’autre part, sur une prise de conscience de chacun d’entre nous par rapport au potentiel des sources renouvelables, en sa qualité de citoyen d’un territoire aussi unique que celui du Mont-Blanc ».


 
 
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