Assesseur aux Affaires européennes, à l'Innovation, au PNRR, aux Politiques nationales de la montagne et aux Politiques de la jeunesse

 

Leonardo Lotto

L’année 2026 s’ouvrira sur un monde qui ne ressemble plus à celui que nous connaissions il y a encore quelque temps. La somme des divers changements – géopolitiques, climatiques, démographiques et technologiques – a transformé le cadre au sein duquel les Régions comme la nôtre doivent agir. Les conflits aux portes de l’Europe ne constituent pas seulement une menace pour notre sécurité : ils redéfinissent le concept même d’interdépendance, car ils mettent sous pression les filières, l’énergie, les budgets publics et la confiance en les institutions. Parallèlement, la révolution numérique a franchi l’étape de l’adoption pour entrer dans la phase de la réglementation. La crise démographique, avec une population de jeunes en diminution constante et une vulnérabilité sociale de plus en plus fréquente, met en discussion le coût des services, notamment dans les territoires périphériques. Et la montagne, en particulier, est la première à subir les effets du changement climatique. Pour la Vallée d’Aoste, ces transformations constituent la quintessence des choix à effectuer. Notre région a en effet des caractéristiques uniques : elle est si petite qu’elle ne peut se permettre de rester inerte, mais suffisamment autonome pour élaborer des réponses originales. En 2026, nous devrons donc interpréter le monde qui change et traduire cette lecture en décisions susceptibles de renforcer notre résilience, notre attractivité et la capacité d’innover de notre territoire.

C’est fort de cette prise de conscience que j’ai accepté la charge d’Assesseur aux Affaires européennes, à l'Innovation, au PNRR, aux Politiques nationales de la montagne et aux Politiques de la jeunesse. Dès le premier jour, j’ai œuvré pour mettre en place une méthode qui puisse doter la Vallée d’Aoste d’une présence plus stable et reconnaissable dans le cadre des procédures européennes : en tant que destinataire de décisions, certes, mais aussi en tant que territoire qui participe à leur élaboration. L’Europe est le lieu où se définissent les conditions de notre essor et je crois que notre autonomie se mesure aujourd’hui notamment à travers notre capacitéà rester au cœur desdites procédures avec compétence et réalisme, à faire entendre la voix de la Vallée d’Aoste là où sont décidées les politiques qui la concernent.

Dans ce contexte, l’innovation est le moyen le plus concret dont nous disposons pour rendre aux citoyens leurs droits et leur temps. Quand un service fonctionne correctement, quand un processus est clair, quand une information arrive sans avoir été cherchée, alors l’innovation a déjà fait son travail. Notre petite dimension nous permet de mettre en pratique cette vision, car nous pouvons expérimenter plus rapidement et construire des services publics immédiatement compréhensibles. L’intelligence artificielle, employée avec sens des responsabilités, sera un instrument utile pour réduire les délais, éviter les erreurs et anticiper les besoins. Pour moi, c’est en cela que consiste l’innovation : supprimer les obstacles, permettre que chaque personne, indépendamment de son lieu de vie et du temps dont elle dispose, puisse accéder à ses propres droits de façon simple, rapide et digne.

C’est cette même logique qui oriente le travail sur la montagne, l’un des lieux où les changements globaux deviennent immédiatement visibles : le dépeuplement qui s’accélère, la hausse des températures qui altère des équilibres séculaires ou la fragilité des infrastructures mises à rude épreuve par les événements extrêmes. Dans une zone alpine, ces transformations sont le pain quotidien des communautés, des administrations et des entreprises. La montagne ne peut plus être conçue comme un paysage à préserver, mais doit être vue comme un écosystème social et économique à revoir : il convient de créer des conditions permettant aux personnes de rester ou de revenir, de mettre en place des services qui résistent aux nouvelles pressions et d’établir des connexions qui annulent les distances, et ce, dans une optique de développement qui unisse qualité de la vie, sécurité et opportunités. C’est là que se joue une partie décisive pour notre avenir.

Le PNRR entame actuellement sa phase la plus délicate. Mener les projets à terme dans les délais est essentiel mais pas suffisant : ce qui compte vraiment, c’est ce qui nous en restera. Les ressources extraordinaires doivent se traduire en compétences qui perdurent, en infrastructures solides, en processus administratifs plus stables que ceux que nous avions au début de cette saison. Le PNRR devra nous laisser un système public mieux équipé pour relever les défis qui nous attendent.

Dans ce cadre, les politiques de la jeunesse sont le point de contact entre toutes ces transformations. Durant les dernières décennies, l’Italie a enregistré une réduction significative de la population de jeunes et ce changement redéfinit la structure socio-économique du pays. La Vallée d’Aoste reflète elle aussi cette tendance. Voilà pourquoi parler des jeunes revient à parler de la durabilité globale de la Région. Personnellement, je crois que les communautés se vident quand les parcours de vie n’y ont plus de place, quand les cursus d’études et l’évolution professionnelle s’interrompent, quand la mobilité devient un obstacle au lieu de constituer une possibilité. Construire l’avenir requiert des conditions réelles et tangibles : des services fiables, une mobilité adéquate, des logements accessibles, des espaces culturels et professionnels, mais cela demande également autre chose : la possibilité pour les nouvelles générations de participer aux processus décisionnels, de contribuer à la vision européenne, climatique et innovatrice du territoire.

Europe, innovation, montagne, PNRR et jeunes forment l’ensemble des défis qui définissent qui nous sommes et qui nous pouvons devenir. En 2026, j’entends travailler pour que la Vallée d’Aoste devienne un territoire plus simple, plus accessible, plus ouvert à l’Europe et plus à même d’offrir un avenir à ceux qui y vivent. Notre autonomie ne sera forte que dans la mesure où elle offrira à la Région la capacité d’orienter les politiques, de consolider sa compétence administrative et de gérer les transitions qui concernent notre territoire avec un « pragmatisme idéaliste ».

Leonardo Lotto
Assesseur aux Affaires européennes, à l'Innovation, au PNRR, aux Politiques nationales de la montagne et aux Politiques de la jeunesse

 

 



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