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Une nouvelle dynamique entre Italie et France

Entre Italie et France, entre éducation et formation, entre mer et montagne... la coopération transfrontalière redémarre et s'agrandit grâce à un nouveau projet qui a comme mot-clé la mobilité.

La coopération transfrontalière redémarre et s’amplifie

Une nouvelle dynamique entre les systèmes éducatifs italiens et français est lancée dans le cadre du programme européen ALCOTRA (Alpes Latines Coopération Transfrontalière) pour la période 2007-2013. Elle a l’ambition d’intégrer les expériences de coopération déjà réalisées récemment tout en expérimentant de nouveaux parcours conjoints, dans une perspective d’ouverture européenne concrètement vécue dans un esprit de partage, de respect, de tolérance et de curiosité.
La mobilité est le mot-clé de cette dynamique. Mobilité des élèves, des personnels éducatifs, des formateurs, des stagiaires. Mobilité pour connaître, comprendre, découvrir, s’approprier, relativiser, échanger, partager.

Un projet à 25 - Le nombre très important de partenaires impliqués se justifie par le fait que, pour la première fois, un projet éducatif va concerner l’ensemble de la zone transfrontalière, en associant aussi bien les services décentrés de l’État que les collectivités territoriales, notamment pour la partie française. Les 25 partenaires qui ont signé la Convention ALCOTRA, document fondateur du projet dont le chef de file est la Région Piémont, interviennent dans leurs domaines de compétence respectifs, chacun étant fortement mobilisé à son niveau et intégrant ce programme européen, dans un réseau quasiment exhaustif des acteurs de l’éducation.
Le territoire éligible comprend cinq régions :
• la Vallée d’Aoste, le Piémont (pour les provinces de Turin et de Cuneo), la Ligurie (pour les provinces de Savona e Imperia) côté italien ;
• Rhône-Alpes (pour les départements de la Haute-Savoie, de la Savoie, de l’Isère) et PACA/Provence-Alpes-Côte d’Azur (pour les départements des Hautes-Alpes, Alpes de Haute Provence, Alpes Maritimes, Var) côté français.
La carte montre bien que des territoires limitrophes sont également associés à ce projet.

Le contexte de départ, son évolution, son ambition

Au cours des précédentes programmations Interreg, de nombreuses expériences de coopération transfrontalière ont été réalisées dans les différents territoires, avec des issues et des résultats considérables particulièrement en Vallée d’Aoste.
Pour la période 2008-2011, un nouveau projet appelé Pôle d’excellence Éducation et Formation, dorénavant désigné par le sigle PEEF, a été élaboré dans un esprit de continuité et en même temps d’évolution, avec des ambitions bien plus grandes et des budgets conséquents. Il concerne la totalité de la zone transfrontalière éligible : de ce fait, au niveau européen, il est classé projet stratégique. Certes, il n’a pas été simple d’arriver à ce qu’on peut considérer d’ores et déjà comme un premier résultat appréciable. Les difficultés n’ont pas été négligeables : la pluralité de sujets, hétérogènes sur le plan des missions et des compétences, une variété de thèmes à développer dans une multiplicité d’actions concrètes ont nécessité et vont nécessiter une mise en œuvre fine basée sur une méthodologie de concertation complexe.
Par ce projet, les partenaires impliqués se proposent de capitaliser et faire fructifier les bons résultats des précédents programmes Interreg avec l’objectif de viser des actions conjointes d’envergure. Parler d’expérimental pour le PEEF est un défi et en même temps un atout. Il s’agit, en effet, de la première tentative, au sein de la toute récente création de l’Eurorégion Alpes Méditerranée, de faire interagir une multiplicité de sujets appartenant à un territoire bien défini, afin de confronter et de proposer des pratiques partagées parfois innovantes dans les domaines de l’éducation et de la formation, tout en s’appuyant sur le travail déjà réalisé, en mettant à profit les réseaux d’établissements existants, en recherchant une plus grande cohérence dans les initiatives de coopération, en renforçant l’identité transfrontalière comme élément de citoyenneté européenne, en créant des conditions propices pour une mobilité et une formation européenne des jeunes favorisant leur insertion sociale et professionnelle sur l’espace transfrontalier.

Le projet PEEF : objectifs, axes et activités

Vu l’ampleur du territoire concerné qui se caractérise par le binôme mer/montagne, la valeur ajoutée du PEEF est représentée par la dimension fédératrice des actions envisagées, dans un souci d’harmonisation et de convergence des systèmes éducatifs et de formation apportant une plus-value au plan interrégional, bilatéral et européen. Les deux versants de la frontière ont eu un développement souvent analogue et partagent des problématiques communes. Favoriser la compréhension linguistique et interculturelle en valorisant l’identité commune des populations résidant dans les territoires transfrontaliers, mettre en synergie et en réseau les différents acteurs de l’éducation et de la formation dans l’objectif de réalisations territoriales par le transfert de connaissances et de compétences, tout cela peut contribuer à la mise en place d’un laboratoire avec un effet multiplicateur en termes de stratégies et de résultats novateurs.
Le caractère expérimental du projet est bien identifié notamment dans les parcours de formation conjoints bilingues à dimension européenne, préparant un contexte favorable à l’établissement du diplôme binational franco-italien de fin des études secondaires - appelé ESABAC, c’est sa dénomination - qui vient d’être officialisé.
Il s’agit d’un projet ambitieux dans lequel la Région Autonome Vallée d’Aoste s’est beaucoup investie. Suite au protocole France-Italie signé en juillet 2007, l’aboutissement de cette expérimentation représente un exemple significatif de la contribution que des territoires fortement engagés dans un challenge commun peuvent apporter à la création et à la modélisation de réalisations ayant un impact au niveau national et binational.

Mais ce projet stratégique PEEF a des ambitions à plusieurs niveaux.
En fait, suivant les indications du traité de Lisbonne, il s’est donné comme objectifs de :
• concevoir les régions transfrontalières comme des collectivités à fort potentiel d’attractivité pour les jeunes, avec la possibilité de les former aux problématiques interculturelles et de développer chez eux une plus forte conscience de l’opportunité que représente la mobilité pour leur insertion sociale et professionnelle ;
• intégrer des parcours scolaires bilingues, dont quelques-uns à caractère expérimental, promouvoir l’émergence d’une citoyenneté européenne concrètement vécue et pratiquée par les nouvelles générations ;
• encourager l’échange de bonnes pratiques et la comparaison entre les systèmes éducatifs et de formation ;
• renforcer les mesures favorisant la reconnaissance des compétences, des qualifications et des diplômes surtout dans le domaine professionnel ;
• créer des réseaux d’acteurs institutionnels complémentaires sur la base de la richesse des liens déjà établis et sur des thématiques d’intérêt commun. Chercher à développer des stratégies concertées pour lutter, par exemple, contre le décrochage scolaire ;
• sensibiliser au développement durable les jeunes et la société civile. Développer des démarches d’éco-établissement en partenariat avec les acteurs locaux et régionaux.

Activités envisagées dans le détail selon quatre grands axes

Axe I - Dynamiques de réseaux et partenariats transfrontaliers.
Action 1 : mobilité des jeunes et partenariats entre établissements autour des thématiques communes suivantes :
patrimoines, cultures et territoires ;
développement durable et éco-citoyenneté ;
langues et cultures ; ouverture européenne ;
mémoire et culture démocratique de la paix.
Action 2 : accompagnement des projets pédagogiques et renforcement du bilinguisme sur l’ensemble du territoire, dans la perspective du plurilinguisme prôné par la commission européenne.

Axe II - Expérimentations pilotes et parcours de formation conjoints à dimension européenne.
Action 3 : réseau expérimental ESABAC avec mobilité des élèves dans le cadre des périodes de scolarisation temporaire, mobilité et formation des personnels, conception et diffusion de supports didactiques, élaboration de cursus conjoints et création de groupes de réflexion pour les langues et les disciplines non linguistiques.
Action 4 : mobilité et formation conjointe des enseignants - formation initiale et continue.

Axe III - Mobilité transfrontalière et formation professionnelle.
Action 5 : mobilité transfrontalière des apprentis et des jeunes en formation professionnelle.
Action 6 : découverte transfrontalière des métiers, participation d’un public transfrontalier aux forums des métiers et à d’autres manifestations organisées de part et d’autre.

Axe IV - Partage de bonnes pratiques de politique et de gestion transversale. Transfert des bonnes pratiques et des compétences.
Action 7 : échanges de bonnes pratiques autour de la lutte contre le décrochage scolaire et sur les stratégies mises en place contre les sorties du système éducatif sans qualification.
Action 8 : communication et valorisation, au niveau macro, sur l’ensemble du projet (séminaire de lancement et de clôture, séminaires par thèmes, diffusion de matériel, portail) comme sur chaque territoire relativement à des actions ciblées.
Action 9 : coordination, pilotage et évaluation par un comité restreint.

Les synergies et les partenariats

Pour la réalisation de ces actions, la Vallée d’Aoste a des liens privilégiés avec des partenaires bien identifiés,
dans le cadre d’accords et de conventions signés par l’Assessorat de l’Éducation et de la Culture. Elle compte en nouer aussi avec d’autres sujets institutionnels sur la base d’une convergence d’intérêts et de perspectives. C’est le cas des partenariats historiques avec le département de la Haute-Savoie ou l’académie de Grenoble et des plus récents comme celui avec l’académie d’Aix-Marseille, auxquels s’ajoutent des perspectives de coopération intéressantes avec les départements de la Savoie et des Alpes Maritimes en particulier, sans oublier les synergies que notre Région va partager avec le Piémont et la Ligurie. Des connexions sont également à prévoir avec le niveau universitaire. Dans ce sens, il est important de rappeler que, toujours dans le cadre du programme ALCOTRA, l’Université de la Vallée d’Aoste et l’Université de Savoie, soucieuses de fonder une synergie entre le monde de l’université et celui des entreprises, en particulier des entreprises transfrontalières, ont monté un projet, dénommé FORPROFI, destiné à donner aux étudiants une formation d’excellence en langues étrangères, renforçant l’attractivité des parcours de formation supérieure, tout en favorisant la connaissance du tissu économique et du marché de l’emploi transfrontalier. Des points de contact pourront donc être profitables.

Les procédures d’adhésion aux initiatives du PEEF

Le projet stratégique PEEF est désormais déposé auprès des instances compétentes en la matière, les premières actions sont sur les rails et se réalisent déjà. À la rentrée 2009, les projets de partenariat entre classes d’école maternelle, d’école élémentaire, de collège et de lycée seront en place pour trois ans. Les institutions scolaires de la Région sont donc invitées à adhérer aux initiatives que la Surintendance des Études lance au fur et à mesure. La mobilité des élèves et des personnels, la réflexion et le partage autour de thématiques identifiées, la création de groupes de travail spécifiques nécessitent une implication convaincue et une ouverture à l’autre, moteurs d’un projet qui est destiné prioritairement aux jeunes, afin de contribuer à leur avenir et à leur succès.

Pour tout contact ou demande d’info s’adresser à :
Viviana Duc, coordonnatrice des Accords transfrontaliers
Surintendance des Études
250, rue Saint-Martin-de-Corléans
11100 Aoste
tél. 0165 27 58 82
e-mail v.duc@regione.vda.it

Une expérience de formation en partenariat

L’expérience de formation dans la Région Autonome Vallée d’Aoste, réalisée dans le cadre de « l’année de formation » prévue par la loi nationale pour les enseignants nouvellement titularisés, a accueilli un public très hétérogène, du débutant au professeur vacataire depuis plus de dix ans, de la maternelle au lycée, toutes disciplines confondues. Cette formation s’inscrit dans le contexte d’un système éducatif bilingue italien/français institutionnel et généralisé à partir de l’école maternelle jusqu'au collège, selon le modèle de l’alternance (enseignement des disciplines en deux langues et réalisation de projets interdisciplinaires bilingues). Les écoles secondaires du deuxième degré (lycées) peuvent mettre en œuvre des projets bilingues, en vue de la généralisation de l’éducation bilingue à ce niveau. Cette formation est réalisée en partenariat avec l’IUFM d’Aix-Marseille. Ce choix se justifie pour deux raisons : d’un côté, l’expertise de ses formateurs dans cette méthodologie et, de l’autre, la possibilité pour les stagiaires d’avoir des interlocuteurs francophones afin de perfectionner leurs compétences en langue française. Elle s’inscrit dans une politique d’ouverture de l’Assessorat de l’Éducation et de la Culture de la Vallée d’Aoste à d’autres régions transfrontalières que j’ai accompagnée.

Gérard Enjolras
Attaché de coopération pour le Français
Service de Coopération et d’Action Culturelle
Ambassade de France en Italie

 

Viviana Duc
Chargée de mission pour la coordination des accords transfrontaliers en éducation
USAS del la Vallée d'Aoste

 

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