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La balle au panier

L'intégration des élèves handicapés dans le milieu scolaire passe par toutes les disciplines.
La pratique de cette nouvelle forme de basket, adaptée à tous, en est la démonstration,
lors du cours d’éducation physique.

Ma formation universitaire à Lyon sur le corps et le mouvement humain m'a amené à considérer la valeur éducative des activités physiques. Particulièrement intéressé à l'approche des sciences humaines dans ce secteur, j'ai découvert l'expérience des " activités physiques adaptées " s'adressant aux personnes handicapées, en me spécialisant finalement dans cette branche. Entre études, bénévolat et expérience professionnelle, la dimension internationale a occupé une place centrale dans ma vie durant ces six dernières années, et c’est ainsi que j'ai eu la chance de connaître de multiples réalités européennes dans le champ des" activités physiques adaptées ".
Certes, l'université a contribué sans aucun doute à dessiner mon horizon mental, culturel et affectif, en modelant ma sensibilité vers certains idéaux. Mais j'aime bien dire que ces idéaux – au-delà bien sûr du moteur de vie qu'ils représentent et de cette dynamique d'ouverture qu'ils génèrent en moi – prennent une valeur particulière quand ils se transforment en utopie concrète. Voyons alors quels sont les idéaux que j'ai projetés dans les activités physiques adaptées. Ils sont essentiellement de deux ordres. Le premier est d'offrir des opportunités à qui n'en a pas habituellement ; il s'agit dans ce cas de donner la possibilité aux personnes qui ont un handicap de pratiquer des activités physiques, en adaptant celles-ci à leurs propres capacités. Le second est de développer les activités physiques en tant que vecteur potentiel privilégié de l'intégration, en participant à construire une culture et une société de l'intégration.
Je dois dire que mon parcours personnel m'a donné l'opportunité de découvrir de nombreuses idées, diverses méthodologies, beaucoup d'enthousiasme humain, un certain nombre d'acteurs impliqués dans l'offre d'opportunités d'activités physiques et sportives aux personnes handicapées, en transformant donc mon premier idéal en une multitude d'utopies concrètes ! Mais en ce qui concerne mon second idéal, l’intégration, je dois reconnaître que ni l'université ni les différentes réalités que j'ai connues n'ont su m'offrir avec la même intensité, cette saveur particulière d'utopie concrète … et ceci... jusqu'à ce que je découvre l'an dernier en Italie l'initiative du Baskin ! Cette activité, qui transforme la pratique sociale du basket à l’intérieur des murs de l’école en un véritable chantier pédagogique, renverse le rapport entre sujet et objet, parce que ce n'est plus la personne qui s'adapte à l'activité mais l'activité qui s'adapte à la personne. En valorisant ainsi le rôle fondamental de l'école comme laboratoire de société, le souffle du Baskin contribue à la santé sociale.

Alexy Valet

Qu'est-ce que le Baskin ?

Le Baskin (basket en intégration) est le résultat de l'évolution d'une activité ludico-motrice née pour l'intégration des élèves handicapés dans le milieu scolaire. L'idée était d'expérimenter une nouvelle méthode d'intégration, c'est-à-dire de créer une nouvelle réalité sportive, inspirée du basket mais destinée à permettre la participation, dans la même équipe, d'élèves handicapés (physiques ou mentaux) et d'élèves dits normaux afin d’organiser ensuite des rencontres entre équipes semblables. Le développement continu et la structuration progressive du Baskin a débouché sur la théorisation d'un vrai sport : codifié, expérimenté et pratiqué par un nombre relativement important d’élèves dans le milieu scolaire de la ville de Cremone.
C'est devenu un sport d'équipe ouvert à tous, chaque équipe étant composée de garçons autant que de filles normalement ou différemment habiles selon la terminologie italienne, et peu importe le handicap du moment qu'il permet au moins le tir dans le panier. Le jeu se déroule sur un terrain réglementaire de basket, avec quatre paniers dont les deux réglementaires et deux autres disposés sur la longueur du terrain au niveau de la ligne médiane et placés au centre de deux aires protégées semi-circulaires de deux mètres de rayon. L'équipe est composée de six basketteurs en jeu : trois normalement habiles et trois différemment habiles, appartenant à l’un des cinq rôles possibles, dont chacun correspond à des compétences motrices spécifiques. Les deux équipes, chacune composée d'au moins quatre des cinq rôles, se rencontrent dans de vrais matchs, remportés bien sûr par l'équipe ayant marqué le plus de paniers. Le match est structuré autour de dix règles spécifiques, donnant lieu à un jeu extrêmement dynamique et imprévisible.
Comme cette activité fait appel à une telle diversité d'habiletés, cela nous invite à mettre en œuvre le concept de personnalisation de l'intervention, qui n'a d’ailleurs fait que se consolider dans les divers domaines du champ sportif, autant professionnel qu’éducatif naturellement. L'interprétation des différents rôles prévoit le développement de certaines habiletés plutôt que d’autres, de façon à ce que chaque joueur puisse pratiquer à son propre niveau et exprimer ses propres potentialités, en les mettant d’une part à disposition de l'équipe, et en les confrontant individuellement avec un adversaire possédant des compétences semblables (puisqu’ayant le même rôle).

UNE IDÉÉ À CONCRÉTISER

Mon implication personnelle vis-à-vis de cette initiative se limite en réalité à une perspective plus externe, puisque j’ai choisi le Baskin comme objet de recherche dans le cadre du doctorat que j’entame cette année, en tâchant de m’appuyer sur un partenariat universitaire franco-italien (entre Rhône-Alpes et Lombardie). Plus précisément, mon projet de recherche se penchera sur la thématique suivante :
" Les conditions d'émergence de l'innovation pédagogique dans le champ de l'intégration scolaire des élèves handicapés " (l’éducation physique servant pour moi de référence). L’idée de développer à un autre niveau une collaboration entre écoles françaises et italiennes autour du Baskin me trotte aussi dans la tête bien-sûr depuis quelques temps… Tout reste encore à concrétiser.

Alexy Valet

 

Comment est né le Baskin ?

L'expérience a débuté en 2001 au sein du collège Virgilio de la ville de Crémone (Italie), en tant qu'activité extrascolaire, avec un groupe mixte d'environ 12 à 15 élèves, garçons et filles, dont cinq différemment habiles, encadrés par deux intervenants (un enseignant d'éducation physique et un parent d'élève, ex-joueur de basket) ; l’initiative globale était soutenue par le chef d'établissement. La conviction que cette activité s'inscrivait dans la bonne direction, s'est renforcée au fur et à mesure jusqu'à se traduire à travers la définition concrète d’un projet stricto sensu. Peu après, ce projet a réussi à obtenir l'adhésion de deux autres collèges de la ville, permettant à leurs élèves de participer aussi à l'activité. On est arrivé ainsi à la formation de trois groupes de travail. D'autres enseignants d'éducation physique ont intégré alors le projet, puis certains bénévoles ont prêté main-forte dans l’encadrement de l’activité en manifestant sensibilité et compétence, participant donc eux aussi de manière significative à transmettre l’esprit d'intégration propre au Baskin. D'ailleurs, il a rapidement été choisi de valoriser la présence de plusieurs figures dans le gymnase pendant les entraînements, en alternant le travail de chacun et le travail par petits groupes d’élèves afin de développer au mieux les multiples fonctions et dimensions prévues par chaque rôle.
L'intégration réalisée par le Baskin au niveau des élèves est donc aussi le fruit d'une intégration entre les différentes compétences des personnes adhérant au projet, puisqu’elles ont contribué à le définir, grâce à leur propre expérience spécifique. L'idée d'adopter la modalité intégrative au niveau même de l'équipe pédagogique d'encadrement a favorisé l’émergence de solutions plus créatives. Notre expérience nous a ainsi amené à formuler un principe : si l’on vise une réelle intégration, on doit se doter de méthodes reflétant cet objectif, c’est-à-dire s’imprégnant de cet esprit intégratif.
Le projet du Baskin met en évidence l’apprentissage coopératif autant entre les élèves qu’entre les intervenants. C’est d’ailleurs dans ce sens que l’on saisit combien il est important que ce type de projet soit mis en réseau (comme c’est le cas à Cremone), c'est-à-dire qu’il doit impliquer plusieurs établissements qui, à travers leur collaboration, partagent leurs ressources. Et c’est bien ce réseau scolaire local qui permet de constituer des équipes vraiment hétérogènes (habiletés différentes, handicaps différents, cultures différentes, etc.).
Aujourd'hui, dans deux des trois collèges de notre ville, le Baskin est, pour la seconde année consécutive, une matière optionnelle à part entière, insérée dans le plan académique d'études, ayant donc sa place sur le bulletin de notes.

À qui bénéficie le Baskin ?

Les bénéficiaires de ce parcours sont multiples. En effet, on ne donne pas seulement aux élèves différemment habiles la possibilité de participer à cette activité mais aussi aux élèves normalement habiles. En fait, ceux-ci apprennent à s'intégrer en construisant leur place au sein d’un groupe qui comprend une réelle diversité humaine. Dans ce but, il leur est demandé au travers du jeu (au-delà de leurs progrès physiques et techniques) de développer de nouvelles capacités de communication, en mettant en jeu leur créativité et leur savoir-être afin d'établir des relations socio-affectives parfois intenses. En outre, le partage des objectifs sportifs avec des élèves différemment habiles leur ouvre les portes du monde du handicap, en leur permettant d’en apprécier les richesses.
D’autre part, parmi les bénéficiaires de ce parcours, on peut mentionner sans aucun doute tous les intervenants (enseignants, éducateurs, entraîneurs, bénévoles) qui reçoivent en permanence une stimulation et une gratification de leur rapport avec les joueurs. Nous pensons d'ailleurs que le Baskin représente pour nous tous, une grande opportunité de développement, autant personnel que professionnel, dans la mesure où il nous pousse à reconsidérer nos interventions didactiques sur le groupe, en orientant notre méthodologie vers un travail extrêmement personnalisé, c'est-à-dire à la portée de tous. Comme nous l'avons suggéré plus haut, il s'agit aussi d'une intégration d'adultes qui stimule la recherche permanente de nouvelles stratégies d'intervention pour favoriser le développement des différentes dimensions de la personnalité de chacun (physiques, technico-tactiques, psychologiques, émotionnelles et relationnelles). Ce développement réciproque (entre élèves et intervenants), en reconnaissant les différences de chacun et en valorisant les ressources personnelles de tous, est donc ce qui donne cette identité si particulière au Baskin.
Ceci est l’histoire du Baskin racontée brièvement. Où aurait pu naître et se développer une telle initiative sinon à l'école ? Nous pensons que notre société peut se construire un futur seulement si elle sera capable de penser et vivre de manière intégrée, en permettant à chacun d'offrir à la collectivité la contribution de sa propre expérience et de sa propre identité, en construisant un monde qui donne sa place à chacun. C'est pourquoi cette expérience s'inscrit aussi en profondeur dans un processus culturel nécessaire.

NASCE IN VALLE D'AOSTA IL SECONDO POLO ITALIANO DEL BASKIN

Ho conosciuto il Baskin a Roma lo scorso settembre 2006 nell’ambito della Conferenza Internazionale “Le buone prassi per l’integrazione e l’inclusione”, organizzato dalla Rete INCLUES, a conclusione di un progetto di Rete Europea di
tre anni. Le immagini del video, ma soprattutto la presentazione del progetto realizzato dai referenti dell’Associazione Baskin di Cremona e il racconto della loro esperienza, hanno permesso fin da subito di riconoscere in questa proposta una buona pratica di inclusione e hanno stimolato nei presenti la volontà di approfondire e diffondere l’iniziativa.
Per questo motivo, sabato 14 aprile 2007, si è svolto ad Aosta il corso di formazione “Baskin: basket integrato” promosso dal Servizio Supporto all’Autonomia Scolastica del Dipartimento Sovrintendenza agli Studi e dall’Aspert, Associazione Sport per Tutti. All’iniziativa, rivolta in particolare agli insegnanti di educazione fisica e di sostegno delle Istituzioni scolastiche della Regione, ma anche a tecnici di basket e volontari, hanno aderito 15 persone.
Grazie a quest’iniziativa – è il commento di Andrea Borney, presidente dell’Aspert e del Csv della Valle d’Aosta - questo nuovo sport arriva anche ad Aosta, offrendo una nuova opportunità d’avvicinamento alla pratica sportiva per gli alunni disabili, importante perché nell’ottica dell’integrazione. Il baskin mette il disabile nelle condizioni di esprimersi al massimo delle proprie potenzialità, adattandosi alle singole specificità di ogni individuo sapendole valorizzare. Agonismo, competizione, intensità, integrazione, rendono il Baskin entusiasmante per il disabile, ma soprattutto molto coinvolgente anche per il normodotato.
Il prossimo passo è di proporre nelle scuole secondarie della Valle d’Aosta, attraverso il Servizio Supporto all’Autonomia Scolastica del Dipartimento Sovrintendenza agli Studi, un corso di avviamento al Baskin al quale insegnanti e alunni interessati potranno aderire dal prossimo anno scolastico.
Chi è interessato ad avvicinarsi al Baskin può contattare l’associazione sport per tutti: www.aspert.org

Maria Plati
Servizio Supporto all’Autonomia Scolastica
Sovrintendenza agli Studi della Regione Autonoma Valle d’Aosta


Fausto Capellini
Antonio Bodini
Giuseppe Maggio

 

 

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