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La quatrième épreuve

Un rapide aperçu du chemin parcouru, depuis sa naissance, par l’épreuve supplémentaire de fin des études secondaires, spécifique au Val d’Aoste.

LE FRANÇAIS À L’EXAMEN D’ÉTAT

À partir de l'année scolaire 1998-1999, l’ancienne Maturità est remplacée par la nouvelle formule de l’Examen d’État. Il implique désormais l’ensemble des disciplines d’enseignement ; une des finalités étant entre autres de rapprocher les épreuves des standards en vigueur dans les autres pays européens. Il se présente donc comme un examen pluridisciplinaire destiné à évaluer la capacité du candidat à établir des liens entre compétences et connaissances diverses.
Au niveau national, les épreuves écrites de l'examen de fin d’études secondaires sont au nombre de trois. Au Val d'Aoste, quatre sont prévues ; la quatrième étant l’épreuve spécifique régionale de français.
La loi régionale n. 52 du 3 novembre 1998 réglemente le déroulement de cette épreuve spécifique, en définit la typologie, les modalités de développement et les critères d'évaluation. L'épreuve écrite de langue française doit évaluer la maîtrise de l'expression et les capacités logico-linguistiques et critiques des candidats, sans limiter la libre expression de la créativité de chacun. Au moment de l'évaluation, l'écrit de langue française est additionné à l'écrit de langue italienne : la note étant le résultat de la moyenne entre le score de l'épreuve écrite et l'évaluation de la compétence en langue française démontrée au cours de l'entretien oral. (voir encadré)

Les désarrois d'un prof de français ou l’effet boule de neige

C'est curieux, à l’examen d’État, la note finale de l'examen de français est traitée un peu comme la lessive dans une super machine à laver, dernier modèle : d'abord prélavage de l'écrit (on le lit, on le note sur quinze, on le laisse bouillir quelques heures), cycle suivant : trempette avec l'écrit d'italien. Les deux lessives, mises ensemble, se mélangent si bien que la note de l'une fait augmenter le résultat de l'autre par une opération arithmétique simple qui veut que les notes soient toujours arrondies à l'unité supérieure. Ce qui se passe dans le cerveau du prof de français au moment de noter l'oral, c’est la centrifugeuse: il s'agit, par une opération subtile de noter “ en trois temps, trois mouvements ” : la valeur de l'oral en tant que tel, la valeur du français en tant que langue, la valeur des connaissances littéraires. Le tout, non plus sur quinze, mais cette fois-ci sur dix. Feu d'artifice final sur la base duquel on devrait, à mon avis, recruter les profs de français en mesurant leur rapidité en calcul mental : en effet, il faut, au finale, reconvertir la note de l'écrit en dixièmes pour pouvoir l'additionner à celle de l'écrit et, la divisant par deux, obtenir la note finale qui, une fois de plus s'arrondit au passage.
La première année, j'ai dû mal saisir le mécanisme et mes élèves s'en sortirent avec des notes curieusement supérieures de deux points à leur moyenne habituelle. Au bout de quelques années, je maîtrise la situation mais ne me demandez pas de l'expliquer aux nouveaux collègues…

Exercice : Un élève a eu 14 en italien et 10 en français ; son oral de français vaut 5 sur 10 ; quels résultats intermédiaires obtenez-vous ? Quelle note d'italien obtient-il ? Quelle note globale de français ? (Veillez à respecter tous les passages).

Barbara Wahl


UN TRAVAIL CONJOINT AVEC LES ACTEURS DU TERRAIN

Quand la quatrième épreuve est née, (année scolaire 1998-1999), comme pour le Tema typique de l’épreuve d’italien, pour l’ensemble des filières il y avait un devoir commun, c’est-à-dire une proposition portant sur un sujet d’ordre général (une rédaction sur l’actualité, une autre de type littéraire et enfin une espèce de commentaire de compréhension à partir d’un article de journal) ; puis il y avait différents sujets, spécifiques pour chaque filière…
Chaque année, la typologie des épreuves est définie par l'arrêté de l'Assesseur (dernier délai, le 31 août). Sur le site de la Région autonome, à la page de Webécole : http://www.scuole.vda.it/home.php, les lecteurs peuvent trouver tous les sujets soumis aux candidats depuis 1998/1999 avec, pour les trois premières années, des sujets spécifiques pour chaque filière, et ensuite les sujets communs à toutes les filières, à partir de 2001/2002. (voir encadré)

L’épreuve spécifique régionale de français

Typologie A - Dissertation/rédaction
Deux propositions, l’une concernant des sujets d’actualité et des problèmes culturels contemporains, l’autre centrée sur le programme de littérature française et d’histoire de la dernière année de cours. (Le programme de littérature de la dernière année est le même pour toutes les filières, à des niveaux évidemment plus ou moins poussés d’approfondissement). Souvent, le thème est plutôt ample pour donner la possibilité à tous les candidats de le traiter.

Typologie B – Analyse/production.
Très proche de ce qu’on appelle en italien Saggio breve, même s’il existe quelques différences. Elle comprend quatre domaines, correspondant chacun à une proposition (Les mêmes que ceux qui caractérisent l’épreuve de langue italienne):
1. littéraire-artistique (avec trois documents à disposition, deux textes et une image)
2. économique-social
3. politique-historique
4. technique-scientifique

Typologie C - Analyse littéraire
Un poème ou bien un texte en prose.
(Cette nouvelle typologie a été introduite à partir de l’année 2003)

Tout au long de l’année scolaire, un travail de monitorage est effectué dans chaque classe terminale de chaque école. Tous les textes des devoirs en classe et les résultats obtenus, sans mention du nom des élèves, sont regroupés dans le but d’adapter l’épreuve finale et de limiter le plus possible d’éventuels décalages entre les différentes situations. Au cours des années, une formation conjointe des enseignants et le monitorage scolaire sont des éléments précieux pour donner aux différentes typologies un caractère le plus cohérent possible.
Lorsqu’en septembre 2000, j’ai été nommée au Bureau Éducation Bilingue (BEB), du Bureau de l’Inspection Technique (UIT) d’Aoste, le cours annuel de formation pour enseignants, tenu par le professeur Giraudeau, avait été organisé(1).
Les cours de formation ont débuté avec la naissance de la quatrième épreuve. Il était important de former les professeurs pour qu’à leur tour ils soient à même de préparer les élèves de façon adéquate, étant donné la nouveauté. Dès le début, il y a eu une forte participation des enseignants ; d’un côté, ceux qui étaient partisans de la nouvelle formule, ceux qui étaient désireux d’apprendre et de s’approprier une nouvelle méthode de travail ; de l’autre, un groupe montrait déjà une forme de lassitude face au surcroît de travail, puisque la quatrième épreuve ne proposait plus aux candidats un seul devoir mais différents types.
Pendant quelques années, l’analyse textuelle et le commentaire composé ont fait l’objet de débats animés pendant le cours. Puis le commentaire composé a été laissé de côté pour insister davantage sur l’analyse textuelle. De l’avis général, grâce à la bonne qualité de la formation, les participants en ont tiré un grand profit.
Au commencement, la participation au cours de formation était très bonne : chaque institution scolaire donnait la possibilité à un ou plusieurs enseignants de participer. Puis, à cause des engagements de plus en plus nombreux au sein des établissements, il y a eu des défections et on a pu remarquer une certaine fatigue à suivre les cours.
Il s’agissait de trois après-midi de formation par an, neuf heures en tout, étalées entre l’automne et le printemps.

Dès le début, l’intention était de proposer un travail commun pour les épreuves de français et d’italien. Les deux premières années, un bon groupe d’enseignants de français des classes terminales se sont attelés au travail ; la troisième année, (2002-03) ceux d’italien, invités par l'Administration Régionale à participer activement, se sont davantage impliqués.
Pendant les premières sessions, jusqu’en 2002, les enseignants se sont penchés sur tout l’éventail des épreuves envisageables en langue française, partant de l’analyse du texte narratif, en passant par le texte argumentatif, le commentaire composé, pour en arriver à l’analyse textuelle.
Dans l'arrêté de l'Assesseur du mois d'août 2002, parmi les choix optionnels de la quatrième épreuve figure désormais une analyse littéraire, vivement souhaitée par certains professeurs.
En 2002-2003, avec la participation active des profs d’italien, il a été possible d’aborder la Prima prova d’italiano et de la comparer point par point à celle de français. Dès la même année, l'épreuve spécifique de français a été définie en harmonie avec l'évolution et l'organisation de la Première épreuve d'italien de l'Examen d'État, afin de rapprocher les deux épreuves, et dans la forme et dans le contenu. De là est née l'exigence d’une collaboration encore plus étroite en classe entre les deux disciplines, de français et d’italien.

Au cours des stages de l'année 2003 une attention particulière a donc été portée sur l'analyse comparée des deux épreuves. L'atelier a focalisé l’attention des participants sur la typologie B - analyse/production de l’épreuve de français et le Saggio breve de l’épreuve d’italien, parce que cette typologie a suscité un plus grand intérêt et semble être celle que privilégie les candidats lors des épreuves d’examen. Les aspects structuraux et de contenu ont alors été analysés.
Au cours du dernier stage, celui du mois d'avril 2004, une nouvelle optique de travail a été introduite, celle d’œuvrer pour donner à la quatrième épreuve une valeur certifiée respectant les paramètres du Cadre commun de références (CERC). L'espoir est donc de pouvoir approfondir l'expérience en affinant
ultérieurement les protocoles des épreuves italienne et française conformément aux paramètres définis par l'Union européenne.

Wilma Tonetta


Note
(1) M. Giraudeau est actuellement au CIEP, Centre International d’Études Pédagogiques de Sèvres ; il a mûri une grande expérience en tant que professeur de français au lycée bilingue de Florence. Il a de solides compétences, tant dans le domaine de l’enseignement dans les lycées bilingues, que comme formateur.
Depuis le début, il coordonne la formation des professeurs impliqués dans la quatrième épreuve.

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