2002: ANNO DELLA MONTAGNA
Il n'est pas suffisant de mettre en œuvre de la pierre et du bois pour bâtir en montagne, encore faut-il donner aux maisons un caractère harmonieux qui tienne compte de l'ensemble du village.
VILLAGES EN VIE, VILLAGES EN ATTENTE
par Claudine Remacle
Architecture moderne à Val d'Isère (Tarantaise, France).Quel est le devenir des villages de montagne ? Cette question, qui nous tiraille depuis des décennies, ne comble pas le vide qui touche tant de hameaux, tant de maisons au moment où nous nous apprêtons à vivre en 2002 l'Année internationale de la Montagne. Nous espérons tous en un retour ou un maintien de la vie en montagne, grâce au tourisme, grâce à l'informatique. En fait l'abandon traduit les contraintes qu'imposent la vie en altitude et le changement profond de civilisation que nous avons vécu au XXe siècle, le glissement de la population dans la vallée centrale, mais aussi les problèmes difficiles liés à la propriété, comme l'indivision latente.
Malgré quelques exceptions, l'état d'un village est le reflet d'une situation foncière et sociale plus influencée par l'âge et le nombre des propriétaires que par les grands projets d'aménagement. C'est la vie qui mène la danse et qui plie l'architecture à ses caprices: restauration, réhabilitation, reconstruction ou abandon... Tout comme la société est composée d'une gamme de personnes aux caractères différents, des vieux, des jeunes, des petits ou des grands, les villages comportent côte à côte des maisons renouvelées et des maisons sans vie, des maisons en attente, reflets tangibles de notre société diversifiée.
Le hameau de l'Ecot (Bonneval-sur-Arc, Maurienne, France).Ces réflexions terre à terre ne résolvent pas le problème des villages, pas plus que l'intérêt studieux des scientifiques qui, depuis la fin du XIXe siècle, se penchent sur leur avenir ou sur leur composition. La connaissance des rythmes des mécanismes fonciers, tout comme la tolérance face à la variété subjective du beau, calme les esprits superficiels, révoltés par la vue des villages en ruine ou, au contraire, en pleine transformation suivant un goût différent du leur.
Le romantisme, cependant, a chargé le cadre de la vie paysanne d'autrefois d'une aura dont il nous faut tenir compte. En effet, même si ce romantisme a peu de chose à voir avec la dure réalité du vécu passé en montagne, il nous influence tous lorsque nous posons notre regard sur un paysage et sur les habitations qui l'animent.
Le développement du tourisme, lié au respect et à la conservation des caractéristiques architecturales locales, semble être une voie qui a porté chance è certaines communautés, comme à Bonneval-sur-Arc en Maurienne par exemple. De même, combien de stations de sport d'hiver du Valais voisin ont-elles joué la carte de la conservation des raccards et des greniers, tout en maintenant en vie les vielles maisons en bois du village? Il y en a des dizaines. Au sud des Alpes, dans le Valmaggia, c'est à la pierre que l'on a rendu honneur. Les petites demeures en maçonnerie se pressent les unes contre les autres dans les centres anciens tandis que dominent à l'écart la silhouette blanche de l'église, celle de la maison communale et aussi celle des nouveaux quartiers. Car partout la vie continue, plus ou moins respectueuse de l'héritage reçu, plus Sabione. Architecture traditionnelle bien conservée en Val Bavona (Tessin, Suisse).ou moins engagée dans un renouveau indispensable. Des options claires sont nécessaires, qui donnent aux villages une connotation culturelle franche, de préférence en relation avec leur propre passé - chaque village est un creuset particulier -, mais tournés avec décision vers l'avenir quand cela est nécessaire. Ce sont sans doute des atouts qu'estiment et qu'apprécieront les générations montagnardes d'aujourd'hui et de demain, influencées à leur tour par le romantisme, tout comme les touristes en mal d'authenticité.
Pourtant, il est fréquent que l'on bouleverse l'esprit des lieux par une accumulation de détails qui amplifient soit leur caractère rustique avec un emploi hors mesure de bois brut, soit la modernité avec la bétonisation des sols. Le choix des matériaux, pierre ou bois, était certes un fait culturel, mais il était surtout essentiellement lié aux conditions économiques locales et aux difficultés du transport. En Vallée d'Aoste comme ailleurs, la tendance à singer l'ancien est diffuse. On omet tout simplement d'observer avec attention les vraies pratiques de construction appliquées pour bâtir la maison que l'on va réhabiliter et habiter. On profile les poutres des toits en usant de techniques lourdes, brutalement rustiques, qui n'ont rien à voir avec l'harmonie équilibrée des maisons anciennes, tant chantées par Robert Berton dans son livre "Les constantes de l'architecture valdôtaine".
Il n'est pas suffisant de mettre en œuvre de la pierre et du bois pour bâtir en montagne, encore faut-il donner aux jeunes maisons ou aux maisons rajeunies un caractère harmonieux en tenant compte de l'ensemble du village, des proportions et des espaces adaptés à la vie quotidienne en montagne.
   
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