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Passer sans heurt à l'école secondaire

À l'Institution scolaire San Francesco d'Aoste, le « Projet continuité » entre le primaire et le secondaire permet d'exploiter des ressources existantes dans l'établissement pour en faire profiter les élèves.

À l'Institution scolaire San Francesco d'Aoste, depuis plusieurs années, a été entrepris un vaste projet sur la continuité didactique et éducative pour faciliter le passage des élèves du primaire au secondaire.
Ce projet prévoit plusieurs activités sélectionnées par l'ensemble des enseignants du primaire et du secondaire, dans le but d'éviter les ruptures, les écarts entre ce qui se vit dans les classes du primaire et ce qui se fait ensuite dans le secondaire. Un parcours a été élaboré, en termes de savoirs et de compétences, et structuré de la façon la plus cohérente possible pour les deux premiers cycles de l'école obligatoire pris dans leur globalité.
Les activités dont il est question dans les lignes qui suivent, sont des exemples de ce qui est proposé aux élèves de l'école primaire.

La langue française dans les classes de seconde, de quatrième et de cinquième

Dans le cadre de ce projet, en ce qui concerne l'apprentissage de la langue française, un professeur du secondaire travaille en coprésence avec les institutrices et intervient tout au long de l'année dans quelques classes du primaire, durant un certain nombre d'heures définies à l'avance. Il s'agit de Mme Soddu, titulaire de langue française au secondaire du premier degré de notre établissement et qui est aussi chargée de coordonner de façon plus ample l'activité plurilingue.
Elle s'attache particulièrement à gérer des activités orales durant lesquelles elle est tout particulièrement attentive à la prononciation, à la musique et au rythme de la langue française, mais aussi à l'enrichissement lexical.
Cette approche linguistique est axée sur le plaisir de la parole, du son et de l'écoute, valorisant les aspects ludiques et créatifs de la langue française pour que les enfants éprouvent du plaisir à jouer avec une langue vivante et non figée.
Cette année, en particulier, elle propose à la classe de deuxième une séquence consacrée au récit. L'activité est en grande partie orale. Le texte choisi, Gulliver, Voyage à Lilliput, se prête bien à une lecture mimée.
Le parcours didactique en question prévoit différentes phases : celle du résumé, avec la simplification des différentes parties de l'histoire ; celle de la transcription écrite et de la représentation sous forme de dessin ; et celle de la mémorisation, en vue de la présentation orale de la part des enfants à leurs camarades plus grands du secondaire. On ne se limite pas à l'effort de compréhension. On vise aussi l'enrichissement du vocabulaire, la découverte de synonymes et d'expressions ayant le même sens, etc. On espère ainsi stimuler chez les élèves le goût de la langue, l'envie d'expérimenter en les amenant à améliorer leurs capacités d'apprentissage.
En classe de quatrième année, Mme Soddu aborde la description physique et morale des personnes. Les thèmes sont choisis parmi les centres d'intérêts des enfants. Il peut s'agir de l'école, de l'amitié, de la famille, des divertissements, etc.
Le but est principalement l'enrichissement du vocabulaire et le réemploi dans de nouvelles situations.
En classe de cinquième année, on s'attaque au compte rendu de lectures faciles et ce, pour qu'ils améliorent leur expression orale en français.
Le projet suit donc plusieurs étapes. Chaque enfant est invité à lire préalablement le texte à la maison, en vue de la restitution en classe. C'est un moyen efficace et convaincant qui incite les enfants à s'appliquer et à vérifier s'ils ont bien assimilé le vocabulaire et les tournures de phrases.

Le projet « Accueil » en classe de cinquième année

Au mois de novembre, l'activité d'accueil qui s'inscrit aussi dans le cadre du projet Continuité permet aux classes de cinquième année du primaire et de première année du secondaire de se rencontrer pendant quelques modules au cours de la matinée.
Divisés en deux groupes qui s'alternent, les classes du primaire abordent à cette occasion des activités qui sont spécifiques au secondaire ; des moments privilégiés de rencontre sont prévus pour donner la possibilité aux élèves du secondaire de répondre aux questions de leurs petits camarades. Ceux du primaire peuvent alors donner libre cours à leur curiosité sur les nouveautés qui les attendent et exprimer sans retenue leurs craintes, leurs peurs engendrées par le passage au niveau supérieur.
Cette année, par exemple, les élèves de cinquième et de première ont effectué ensemble des contrôles sur la compréhension orale de la langue italienne. Les devoirs ont été corrigés et évalués, comme on le fait en secondaire et remis aux intéressés qui ont discuté, tous ensemble, les résultats obtenus. Au moyen d'une approche en douceur, il s'agissait, pour les enfants du primaire, sur la base de quelques épreuves écrites typiques du secondaire, de voir et de comprendre de nouvelles modalités d'évaluation qu'ils ne connaissaient pas encore.
Les profs de math du secondaire, quant à eux, ont proposé des expériences en sciences, accompagnées de fiches-guides et ils ont introduit quelques sujets de mathématiques sous forme de cours magistral.
Les enfants de cinquième année ont aussi eu l'occasion de rencontrer leurs camarades de troisième année du secondaire avec leurs professeurs de lettres, de math et de français et ils ont pu leur poser toutes sortes de questions, aussi bien sur les règles de comportement, que sur les programmes, l'organisation scolaire en général ou bien encore les devoirs et les leçons à la maison.
Ces activités de continuité et d'accueil, en vigueur dans notre établissement depuis plusieurs années, se basent sur la conviction de l'ensemble du Collège des enseignants, qu'une étroite collaboration est nécessaire entre les acteurs des différents niveaux, afin de construire ensemble un parcours éducatif cohérent pour accompagner les élèves tout au long de leur scolarité et de leur croissance personnelle, en les aidant à ce que le passage d'un niveau à l'autre ne soit pas une source inutile d'anxiété, mais se produise dans un climat empreint d'harmonie et de sérénité.
Ayant toujours à l'esprit cet objectif fondamental, les enseignants sont amenés à se mettre en jeu, à se confronter les uns aux autres, à collaborer, à partager, à échanger des informations. Ils ressentent le besoin d'organiser autrement leur travail et de ne plus considérer les programmes à enseigner et les évaluations des acquis des élèves comme de simples formalités bureaucratiques. Ils se soucient, avant tout, des compétences et des capacités concrètement développées par chacun des élèves, sans ignorer leur histoire personnelle et scolaire.
Ainsi on se sent stimulé par la conviction de contribuer au développement d'une école respectueuse des individus, dans laquelle chaque élève est reconnu pour ce qu'il est, où les enseignants sont en mesure de l'accompagner tout au long du chemin qui conduit de l'enfance à l'adolescence. On a alors l'impression qu'un fil invisible lie étroitement l'expérience humaine aux apprentissages scolaires, sans qu'à aucun moment la moindre connaissance et la moindre habileté ne soient laissées de côté.

Chiara Bernardi,
Raffaella Renghi

En qualité de référent linguistique de mon établissement scolaire, cette année mon travail est plus varié et plus intéressant.
Dans la classe de seconde de l'école primaire, les élèves me connaissent déjà car nous avons travaillé sur un texte d'Alphonse Daudet La chèvre de monsieur Seguin. Ils savent qui je suis : madame Soddu, professeur de français du secondaire. Pour eux, passer une heure en ma compagnie est un stimulus vivifiant. Aujourd'hui, nous nous penchons sur l'histoire de Gulliver et de son Voyage à Lilliput.
Je dois dire que je ne me prive pas de jouer la pantomime pour me faire comprendre. Que de fois n'ai-je mimé la chèvre Blanquette qui, pour s'échapper de sa bergerie, devait sauter d'un bond par la fenêtre laissée entrouverte par erreur. Pour mieux me faire comprendre, les gestes et les mimiques ne me font pas peur.
Dans chaque séquence lue et expliquée, mon travail consiste à enrichir le vocabulaire à l'aide de synonymes et d'expressions idiomatiques. Voici un exemple tout simple : Lilliput est une île en miniature où les hommes sont petits, les maisons sont petites, les carrosses sont petits, les hommes sont hauts comme trois pommes. L'adjectif « petit » renforce bien l'idée de miniature et il est enrichi par l'expression « haut comme trois pommes ».

À mon entrée dans la classe, les enfants m'attendent ; ils savent qu'ils seront interrogés sur les sujets traités et qu'ils devront répéter l'histoire en partant du début jusqu'au point où nous sommes arrivés. J'aime voir la joie dans leur regard lorsqu'ils me montrent leur dessin illustrant la séquence du texte lu et compris (exemples : Gulliver fait naufrage sur l'ile de Lilliput. À son réveil, il se sent immobilisé par des cordelettes attachées à des piquets. Les Lilliputiens sont hauts comme trois pommes.) Enfin, un petit groupe de « volontaires » ira en faire le récit aux élèves du secondaire.
Il est intéressant de noter que dans cette situation de continuité entre un cycle d'études et l'autre, les jeunes élèves s'appliquent dans leur apprentissage et font preuve d'enthousiasme. Ils aiment montrer à leurs aînés combien ils éprouvent du plaisir à apprendre et à bien raconter.
Dans les classes de 4ème de l'école primaire, nous abordons la description d'une personne, tant du point de vue physique que moral. Les élèves suivent un parcours structuré, ordonné et compréhensible pour tous.
Le lexique proposé est appris puis appliqué dans de simples phrases. Il est enrichi à chaque fois par des mots nouveaux, d'abord mémorisés et ensuite réutilisés dans des phrases un peu plus compliquées. Par exemple, en suivant la structure donnée, chaque élève est appelé à décrire son père, sa mère, un frère ou une sœur et à conclure en disant combien il l'aime. Ensuite, ils dessinent leur portrait qu'ils commentent oralement. Cet exercice fait l'objet d'une évaluation.
Toujours à l'école primaire, l'activité linguistique dans les classes de 5ème atteint un niveau nettement plus élevé. D'abord les élèves sont plus grands et leur connaissance de la langue française est meilleure. Dans ces classes, on y respire la paix, le respect vis à vis des camarades et des enseignants. L'heure vole tellement vite que je trouve cela formidable de pouvoir travailler dans des classes où l'auditoire est attentif, respectueux, où tout paraît plus facile !
Ici, l'activité relative au compte rendu de lectures a pu se faire aisément. Tous les livres proposés par l'institutrice sont rigoureusement lus en français. Chaque élève a dû rédiger une fiche qu'il devait remplir mais, auparavant, il leur a été demandé de souligner les mots difficiles ou inconnus, de les transcrire à un endroit précis de leur cahier de français. Cette partie doit servir de pense-bête tout au long de la lecture. On suggère de rédiger deux ou trois phrases importantes du passage ou du chapitre, pour résumer le contenu de la lecture journalière. Tout ce travail donne lieu à une évaluation, tant à l'écrit qu'à l'oral.

Carmen Soddu Gard

 

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