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C'est aussi l'affaire des parents

Dans la gestion de l’institut professionnel régional de Saint-Vincent que j’ai dirigé pendant de nombreuses années, j’ai privilégié les contacts humains. Les formalités administratives ont certainement été importantes et accaparantes, mais j’ai œuvré avec obstination pour que chacun des élèves qui m’était confié ait bien conscience qu’il était connu et reconnu par le chef d’établissement (même quand il y a eu jusqu’à 300 élèves).
D’après moi, ce nombre ne peut être dépassé afin qu’une seule personne puisse avoir le temps de maintenir des contacts personnels satisfaisants avec les élèves et leurs familles. Dans les écoles actuelles, qui regroupent beaucoup plus d’élèves, plusieurs personnes ressources seraient nécessaires pour maintenir la continuité des relations école-élèves-familles. Je pense en particulier aux efforts que je prodiguais pour convaincre certains parents que l’école n’était pas seulement l’affaire de leurs enfants mais que, eux aussi, ils avaient un rôle irremplaçable à jouer.
Pour moi, le contact direct était une priorité. Je cherchais à communiquer avec les familles de tous les élèves.
Je commençais par les parents des élèves de première année que je convoquais au tout début pour leur commenter le calendrier des rencontres de toute l’année scolaire. Je me présentais à eux, je leur demandais si l’horaire leur convenait, etc.
Je ne me limitais pas à la rencontre des parents des élèves de première année. Je voulais que les familles prennent l’habitude d’être partie prenante tout au long du parcours scolaire de leurs enfants et cela jusqu’en classe de cinquième.
En cours d’année, si je m’apercevais qu’un jeune accumulait les absences, qu’il ne rendait pas les devoirs signés en temps voulu, avant d’interpeller la famille, je cherchais toujours à avoir un échange avec l’intéressé. Souvent, j’avais eu une note, un signal de la part d’un professeur.
D’abord, on essayait ensemble de résoudre le problème. Je tenais à ce qu’un vrai dialogue s’installe. Puis, si cela était nécessaire, on sortait de la sphère de l’école et je rencontrais les parents. Il était important pour moi d’être un trait d’union entre l’école et la famille. Parfois de délicats problèmes familiaux émergeaient lors de ces entretiens.
Quand je me rendais compte que des parents négligeaient l’accompagnement de quelques élèves, il m’est arrivé de décrocher le téléphone pour les déranger à la maison. Alors, le plus aimablement possible, je leur rappelais l’importance de leur présence aux côtés de leur enfant et que chacun d’entre nous pouvait participer de manière constructive. J’en étais convaincue. J’écoutais avec intérêt ce qu’ils avaient à me dire.
En général, je réussissais assez bien à obtenir la participation de la plupart d’entre eux. Je tenais particulièrement à leur présence durant les rencontres programmées avec les professeurs. Quand ils ne venaient pas, il m’est arrivé maintes fois au cours de ma carrière de les solliciter, par téléphone, afin de les convaincre de descendre de leur vallée pour participer à l’entretien programmé avec les enseignants.
L’avis des parents était utile. Parfois nous avions adopté une certaine ligne de conduite et, à la suite d’un entretien avec la famille, nous l’avons modifiée, car ce que nous avions choisi s’était révélé inapproprié. Nous avons ainsi été amenés à changer de point de vue et de tactique après avoir parlé avec les familles.
Le lendemain de la rencontre parents-profs, je passais parfois dans les classes et, sans citer de nom, je rappelais l’importance de la participation des familles.
J’insistais aussi auprès des parents pour qu’ils convainquent leurs enfants de persévérer, de ne pas abandonner les études avant d’arriver au bout. Il était important de faire comprendre aux élèves que l’école tenait à la réussite de chacun en particulier. J’ai toujours voulu pour eux ce que j’aurais souhaité pour mes propres enfants. En affirmant cela, je ne veux pas dire qu’il faut avoir soi-même des enfants pour faire ce métier, j’entends simplement souligner qu’il faut vouloir ce qu’il y a de mieux pour chacun des jeunes que nous accueillons et que, pour chercher à atteindre ce but, la collaboration de l’entourage est fondamentale.

Carla Pession

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