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La communication orale comme véhicule privilégié
dans la transmission des connaissances

Le laboratoire didactique sur la préhistoire, qui s’insère dans le projet “ oralità e laboratorio ”, allie non seulement des moments d’observation et de réflexion mais aussi des activités pratiques permettant, ainsi, une bonne participation même de la part des élèves les plus faibles et les moins motivés de l’école moyenne.

La communication orale est le support principal du laboratoire didactique sur la préhistoire, conçu par moi-même, en collaboration avec ma collègue Deborah Salerno, et destiné aux écoles moyennes. Cette forme d’expression ne constitue pas seulement le véhicule qui en permet la réalisation mais elle s’est révélée aussi comme un moyen privilégié pour une meilleure intégration dans la classe des élèves à rentabilité scolaire plus basse.
Le laboratoire s’articule en plusieurs étapes comprenant aussi bien des moments d’observation et de réflexion que des activités pratiques, chacun nécessitant la participation active des élèves.
La première étape présente l’évolution anatomique et culturelle de l’homme, des premiers Australopithèques jusqu’à l’Homo sapiens sapiens, au moyen de calques en résine réalisés par le Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel (France) et qui reproduisent les principaux fossiles humains et les outils préhistoriques les plus significatifs.
Cette présentation n’est pas théorique mais demande la participation active des élèves auxquels il est demandé de reconstruire, par eux-mêmes, la séquence évolutive de l’homme, par un processus intuitif s’appuyant sur la manipulation des calques et sur l’interprétation de quelques diapositives relatant les principales découvertes archéologiques de la préhistoire.
Il est nécessaire, compte tenu du niveau des thèmes proposés, de diriger l’observation et l’interprétation. Cela devient possible grâce à un dialogue continu entre nous, les animateurs, et en compagnie des participants, grâce à un jeu permanent de questions - réponses.
Le but est de reproduire en classe, forcément dans un espace de temps bien plus limité, le long processus d’acquisition de connaissances qui a conduit les paléontologues à reconstituer l’évolution de l’homme.

Cette première étape est suivie d’une activité pratique : on demande aux participants de construire des outils préhistoriques, à l’aide de pièces en silex et de supports en bois, en essayant de découvrir leur fonction probable dans le monde des chasseurs de la préhistoire.
Dans ce cas aussi, bien que les gestes soient le moyen choisi pour aborder la dimension préhistorique, le même processus de questions - réponses se révèle indispensable pour soutenir l’activité. La reproduction des gestes du passé acquiert une valeur seulement lorsqu’elle devient un moyen de connaissance, un intermédiaire vivant pour aborder la dimension historique. Ce résultat serait impossible à atteindre sans le support continu de la parole qui représente le fil conducteur de tout le laboratoire.
La recherche d’une approche intuitive me paraît nécessaire dans le cas d’un thème comme celui de l’évolution de l’homme. À la différence des autres périodes historiques qui s’inscrivent dans la dimension du présent, notre civilisation actuelle étant encore, par certains aspects, une civilisation néolithique, le fait de remonter dans le temps, vers nos origines, nous amène dans une réalité “ autre ”, dans laquelle nous n’avons plus aucun point de repère et pour laquelle nos acquis culturels sont inutiles.
Toutefois, bien que cette dimension soit si lointaine de nous, elle appartient à notre passé commun, et ce passé peut devenir familier lorsqu’on y est amené de manière intuitive. De plus, dans ce processus, la classe dans sa totalité se sent concernée, y compris les élèves qui, habituellement, participent peu aux activités scolaires.
La nature du thème présenté explique sûrement et en partie ce résultat. Contrairement à d’autres périodes historiques comme l’époque romaine, par exemple, la préhistoire de l’homme n’a pas de frontières. Elle a intéressé toute l’humanité, en même temps, et de la même manière, aussi bien ceux qui sont nés en Vallée d’Aoste que les immigrés maghrébins, roumains ou chinois.

Toutefois, le fait d’utiliser la communication orale et une approche intuitive à la connaissance, c’est-à-dire des moyens d’expression et d’apprentissage indépendants de tout acquis scolaire et aussi plus proches du quotidien, cela joue un rôle essentiel.
Ce processus a amené dans certains cas, au moins pendant la durée du laboratoire, un rétablissement de l’équilibre de la classe, en favorisant l’intégration des élèves les plus passifs, marqués par les insuccès scolaires.
Ces résultats, en quelque sorte secondaires par rapport au but premier du laboratoire qui est celui de présenter le monde de la préhistoire, nous paraissent avoir une importance énorme, surtout dans des contextes où l’intégration de réalités diverses devient une nécessité primaire.
En guise de conclusion, il me paraît important de souligner un dernier avantage de la communication orale. Celle-ci s’est démontrée fondamentale surtout dans les classes particulièrement nombreuses et turbulentes : ce moyen, agile et rapide, a souvent été notre seule possibilité pour maintenir, pendant quatre heures d’affilée, un bon niveau d’attention. D’ailleurs, la partie du travail par écrit, qui était prévue au départ, a dû être abandonnée au moment de l’activité sur le terrain, car elle était la source d’une perte irrécupérable de l’attention.

Cinzia Joris
Docteur en préhistoire et expert en didactique des musées et des laboratoires.
Actuellement elle gère des laboratoires didactiques à Vercelli et en Vallée d'Aoste dans le cadre du
"Projet Histoire et patrimoine" - Assessorat Instruction et Culture de la région Vallée d'Aoste.
cinziajoris@tiscali.it

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