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Une formule innovante d'inspection

En france, chaque enseignant est soumis régulièrement à une inspection concernant son activité de classe. la forme traditionnelle ayant montré ses limites, le département des hautes-alpes expérimente une nouvelle formule au niveau du primaire.

Tous les trois ou quatre ans, comme chaque enseignant français, lors d'une inspection, je reçois dans ma classe la visite de l'Inspecteur de l'Éducation Nationale pour évaluer le travail que j'effectue avec mes élèves et, à cette occasion, une notation d'Ancienneté Générale de Services m'est attribuée.
Lors des inspections traditionnelles, qui sont individuelles, je suis avertie au dernier moment de la visite de l'inspecteur. L'inspecteur assiste aux activités en classe. Je dois lui présenter mon cahier journal sur lequel est noté le déroulement précis de la journée, en suivant l'emploi du temps exposé sur les murs de la classe ainsi que le découpage des matières à étudier par période de sept semaines. Cela permet d'inclure scrupuleusement les directives ministérielles et les programmes imposés. L'inspecteur est chargé, justement, de vérifier l'application de toutes les directives et la mise en œuvre des nouvelles méthodes pédagogiques. Il examine également les cahiers d'appel, des fiches de préparation pour les leçons qui doivent servir au maître et respecter une forme précise...
Ma classe de CE2 se trouve à Gap dans le groupe scolaire Bellevue qui comprend une école élémentaire et une école maternelle. Sous le même toit sont rassemblés les trois cycles mis en place depuis une décennie au niveau national; il sont articulés de la façon suivante: le cycle des apprentissages premiers correspond aux premières années de la maternelle ; puis vient le cycle des apprentissages fondamentaux correspondant à la dernière année de maternelle et aux deux premières années du primaire : grande section de maternelle, CP et CEI; enfin, le troisième cycle ou cycle des approfondissements regroupe les trois dernières années de l'élémentaire : CE2, CM1 et CM2.
Les enseignants du primaire de notre établissement sont habitués de longue date au travail d'équipe. Ils ne se limitent pas au strict travail de concertation prévu par les normes et que chaque école doit respecter, tels que les conseils d'école et les conseils de maîtres.
• Dans notre école, les conseils d'école fonctionnent comme partout ailleurs. Ils réunissent les maîtres, les parents délégués ainsi que les représentants sociaux ou municipaux. Ils ont lieu une fois par trimestre et durent trois heures pendant lesquelles rien de pédagogique n'est traité. On se penche sur des sujets comme : les voyages scolaires, la sécurité, les sorties de toutes sortes, les grands travaux...
• À propos des conseils de maîtres et de cycle, ils se déroulent, dans notre école, environ une fois par mois dans le courant de l'année, mais deux fois en octobre et deux fois en juin. Il s'agit là d'aborder le travail pédagogique. Les maîtres et le Réseau d'Aide aux Élèves en Difficulté se rencontrent pour la mise en route de projets innovants, comme par exemple celui que nous avons élaboré, avec mes collègues, sur le décloisonnement pédagogique en expression écrite.
Chez nous, on se réunit généralement en fin de matinée, entre 11 h 30 et 13 h 30. Tout le monde apporte son pique-nique. On réfléchit ensemble. On discute des différentes propositions. Qui est pour ? Qui est contre ? Comment faire les groupes de niveau ?... Quand on est d'accord, on met en place ce qui a été décidé. On prend les décisions ensemble. Quel maître prend quel groupe ? On choisit ensuite un thème de travail pour la période...
L'an dernier on a travaillé sur la poésie, puis sur des recettes imaginaires (on avait reçu dans nos classes un illustrateur de livres pour les enfants : Zaü. Il venait d'être récompensé pour son album Une cuisine grande comme le monde (texte d'Alain Serres, éditions Rue du Monde, 2000) (voir l'encadré en bas de page et les photos). Cette année on a travaillé sur la bande dessinée. Le prochain thème sera le conte. Chaque instituteur cherche ensuite, personnellement, des documents. En fin de période on fait un bilan global. On tire les conclusions sur la validité de l'activité. On analyse les réactions des enfants...

L'ADHÉSION À LA NOUVELLE FORMULE D'INSPECTION

Un mercredi matin, au début de l'année scolaire 2000-2001, les cinq enseignants, membres de l'équipe pédagogique et éducative de l'école élémentaire de Bellevue, dont je fais partie, ont assisté, au Théâtre de la Passerelle, avec de nombreux autres maîtres du primaire de la circonscription de Gap, à une conférence pédagogique départementale, portant sur l'accompagnement des équipes d'école. Elle était animée par l'Inspecteur d'Académie Monsieur Philippe Sauret dont le rôle est, entre autres, d'assurer le contrôle pédagogique dans les écoles, aidé en cela par des Inspecteurs de l'Éducation Nationale (IEN).
À cette occasion, M. Sauret a exposé son intention de mettre en œuvre, dans tout le département des Hautes-Alpes, une nouvelle forme d'inspection. Il a donc proposé une nouvelle formule de visites d'écoles, non plus comme précédemment, basées sur une évaluation individuelle du travail de chaque enseignant mais l'innovation présentée visait à évaluer toute une école, c'est-à-dire l'ensemble du travail effectué par l'équipe pédagogique de l'établissement scolaire, de façon à le mettre en lumière.
Le jour de la réunion, il a distribué à chaque groupe une "fiche navette" d'adhésion à remplir par les écoles intéressées par cette nouvelle inspection.
De retour dans nos classes, à l'issue de la rencontre avec l'inspecteur d'Académie, très rapidement avec mes quatre collègues, nous nous sommes mis d'accord, après concertation, pour retourner le document en nous portant volontaires pour expérimenter la nouvelle forme d'inspection.

L'ÉCOLE DE BELLEVUE

Dans notre école primaire sont scolarisés environ quatre-vingts élèves répartis en cinq classes correspondant aux cinq niveaux. Nous y accueillons en majorité des élèves issus de familles en difficulté d'intégration à la vie sociale. Vu le milieu social dans lequel nous opérons, l'équipe pédagogique peut compter sur le soutien du RASED pour mieux répondre aux besoins des élèves.
Il s'agit du Réseau d'Aide aux Élèves en Difficulté que nous appelons communément le "Réseau". Il est sous la responsabilité de l'inspecteur de la circonscription. Il est composé d'un psychologue, d'un rééducateur en psychopédagogie, ainsi que d'un psychomotricien.
Comme l'indique la circulaire : " II est rattaché à plusieurs groupes scolaires. Il peut fournir, soit une aide à dominante pédagogique qui peut prendre des formes variées en fonction des projets des écoles et des projets des réseaux. (...) soit une aide à dominante rééducative (assurée par le rééducateur ; celle-ci peut être soit individuelle soit en très petit groupe (deux ou trois enfants au maximum), à raison d'une ou deux séances hebdomadaires de 40 minutes environ prises sur le temps scolaire. Elle s'adresse à des enfants dont le rejet de l'école et des apprentissages demande à être entendu comme un symptôme. (...); soit un suivi psychologique. "
Le Projet de l'école 1998-2001 élaboré par l'équipe a privilégié trois objectifs : d'abord celui d'éduquer à la responsabilité et à la citoyenneté ; puis celui de mettre en place une politique d'éducation à la santé et au respect de soi ; enfin nous avons misé sur l'optimisation de l'appropriation de compétences dans le domaine de la langue écrite et orale.
Pendant l'année scolaire 2000-2001, la classe dont je m'occupe présente les caractéristiques suivantes : parmi les 22 élèves de CE2 (niveau des 9-10 ans) dont j'ai la charge, neuf sont âgés d'une année de plus que leurs camarades ; deux ne maîtrisent pas les compétences de base en français, quatre élèves ne maîtrisent pas les compétences de base en mathématiques et un élève ne maîtrise ni les compétences de base en français, ni même en mathématiques. Le dispositif d'aides individualisées des apprentissages me permet de mettre en œuvre des projets personnalisés d'aide et de progrès, en liaison avec le RASED. Avec mes collègues, nous avons donc pensé qu'en plus de notre travail d'équipe nous pourrions développer un projet innovant. Nous avons donc mis en route un décloisonnement, par groupes de niveaux, en expression écrite, dans toute l'école élémentaire, et nous avons aussi impliqué le Réseau dans cette initiative. On appelle " dédoisonnement par niveau " une organisation différente de celle du groupe-classe habituel. Pour une activité spécifique, les enfants sont répartis selon leur niveau réel dans la matière en question.
Au mois de janvier, à la suite de notre adhésion au projet expérimental d'inspection, nous avons été informés qu'une visite d'école aurait lieu en février.
Lors de la réunion préliminaire, nous nous sommes donc retrouvés : l'ensemble des instituteurs, le Réseau et l'équipe de circonscription composée de l'Inspectrice IEN et trois conseillers pédagogiques.

Fiche personnelle de travail en prévision de la venue
de l'illustrateur Zaü (1" février 2001)

  • Chaque élève a lu personnellement au moins deux livres illustrés par Zaü ;
  • observation en peinture de la technique d'illustration ;
  • essai de reproduction de l'illustration des recettes grecques à la craie grasse sur un fond coloré ;
  • mise en place du questionnaire pour interroger Zaü lors de sa venue ;
  • chaque jour, lecture magistrale d'un livre illustré par Zaü en notant bien les illustrations ;
  • mise en forme d'une recette imaginaire que nous demanderons à Zaü d'illustrer (travail en liaison avec Emmanuelle, animatrice de quartier).

L'Inspectrice de l'Éducation Nationale, Mme Anne Marie Bizé, a commencé par une sorte de bilan ou d'état des lieux de notre école en analysant les résultats d'évaluation du profit des élèves de CE2 et d'entrée en 6eme (première moyenne en Italie) des années écoulées. Puis elle a effectué une relecture de l'ancien projet d'école. Ensuite, sur cette base de départ, chacun des enseignants s'est exprimé librement. Chacun a fait part des problèmes rencontrés dans les secteurs sociaux et scolaires notamment... ce qui avait déjà été tenté pour y remédier, ce qui paraissait s'améliorer... Un climat de confiance s'était instauré.
Après cela, chaque instituteur a choisi librement une date avec une ou plusieurs personnes de la circonscription qui procéderait à sa visite. Il était décidé que l'inspection ne porterait pas sur des activités concernant le projet innovant, mais la visite d'école se déroulerait individuellement, dans chaque classe, dans les disciplines choisies par chaque instituteur. Personnellement, j'avais choisi deux conseillères que je connaissais pour assister à la visite me concernant. Elles sont venues un matin, après la récréation, pour une séquence de maths. Elles sont revenues une semaine plus tard, l'après-midi, pour une leçon d'histoire sur les Egyptiens, (voir l'encadré p. 34) Elles m'avaient dit : " Montre-nous ce que tu as envie. "

LE DÉROULEMENT DE LA SÉANCE D'INSPECTION

Mmes Motte et Maximin sont arrivées alors que nous étions dans la cour, le matin à 8 h 30. Lorsque les élèves se sont mis en rang, elles sont entrées avec nous, et se sont assises dans un coin de la classe. J'avais mis à leur disposition des cahiers d'élèves, les évaluations. Elles ne m'ont pas demandé, comme cela se fait traditionnellement, mes préparations ni mes répartitions. Elles ont regardé avec soin les travaux des enfants. Elles ont participé au déroulement de la séance. À la recréation, après avoir suivi attentivement les activités des enfants, selon le projet de ma leçon et, après avoir assisté à leurs exercices personnels, elles ont surtout pu vérifier le bon niveau de participation des enfants. Elles ont consulté les cahiers d'évaluation des années précédentes puisqu'ils étaient encore conservés dans la classe. Elles ont apprécié le travail d'équipe réalisé au sein de l'école et le bénéfice que pouvaient en tirer les élèves. Elles sont allées regarder ma bibliothèque de classe. Elles y ont noté la présence de cahiers de vie de classe gardés d'année en année. Elles m'ont incitée à faire découvrir ce genre de travail au jeune collègue du CP, pour lui montrer qu'on pouvait tirer parti de nombreuses activités (sorties au théâtre, visites chez les personnes âgées, jardinage dans la cour, sorties au ski...)
Au sortir de cette phase, nous avons discuté de manière très cordiale des aspects positifs du travail qu'elles avaient évalué et de ce qu'il serait possible d'améliorer.
Chaque instituteur de l'établissement a donc vécu cette visite au cours du mois.
Un mois plus tard, nous nous sommes retrouvés, toute l'équipe enseignante ainsi que l'équipe de circonscription, pour une sorte de bilan.
L'Inspectrice et ses adjointes ont d'abord pointé tous les aspects positifs qu'elles avaient notés dans les classes, mais pas du tout nommément. Il s'agissait d'une appréciation du travail qui était fait au sein de l'école.
Nous avons ensuite réfléchi ensemble à la manière de remédier aux difficultés propres à notre école ; nous avons discuté sur les notions de citoyenneté, sur la façon de continuer à respecter un enseignant même si ce n'est plus le maître de sa classe, sur les moyens d'améliorer le travail avec les partenaires sociaux... C'était un travail d'équipe où tout le monde, conscient de ses propres responsabilités, travaillait et cherchait des solutions " à égalité ". Nous étions des partenaires à qui on propose d'échanger " ses bons procédés ", et à qui on n'impose plus d'en haut des solutions destinées à un groupe moderne standard. A la suite de l'inspection, nous avons été invités à participer à un stage d'une semaine dans le but de faire un vrai bilan et de nous apporter des supports de réflexions plus concrets ou, en tout cas, un temps dégagé des contraintes de la classe et destiné à pousser plus loin la réflexion. En réalité, cela n'a pas été très réussi, les stages n'étant pas conçus ainsi jusque-là. C'était trop flou et cela a manqué " de matière ".
J'ai, tout de même, vraiment apprécié cette expérience, cette nouvelle formule d'inspection où, pour une fois, je n'ai pas eu l'impression d'être jugée mais plutôt conseillée et surtout appréciée. Cela m'a permis de mieux écouter les remarques, de mieux prendre en compte les conseils, de les intégrer à ma propre pratique pédagogique et d'échanger avec les collègues. Il me semble cependant impossible de tenter ce genre de visite dans un groupe où tous les enseignants sont isolés et ne voudraient pas mettre en route un travail d'équipe.

L'EGYPTE ET LES PYRAMIDES

Ma fiche personnelle de préparation pour la leçon sur les Egyptiens

Nous partons de la question posée hier par Florian :

Les Gaulois connaissaient-ils le papier ?
Nous pouvons aussi partir du moment où a commencé l'histoire.
La dernière fois nous avons dit qu'elle commençait avec l'écriture.
Pensez-vous que les Gaulois étaient les seuls à vivre sur la planète ?
Tous les hommes à cette époque vivaient-ils de la même façon ?

Montrer le tableau de papyrus, ramené d'Egypte lors d'un voyage touristique.
De quel pays pensez-vous qu'il vienne?
S'ils disent l'Egypte, ils cherchent le pays sur un atlas.
Pourquoi avons-nous pensé à l'Egypte en voyant le tableau de papyrus ? (peinture sur papyrus, les idéogrammes, les personnages).
Prendre le manuel pages 44-45. Observer.
Le buste du sarcophage de Toutankhamon, choisi sur un livre contenant de belles photos.
Dans quelle matière a-t-il été décoré ?
Lecture documentaire page 44.
Montrer les pyramides sur la cassette vidéo empruntée au CDDP, (la vidéo n'est pas très intéressante, juste une vue géographique de la vraie Egypte d'aujourd'hui). Ou bien observer les pyramides en photos sur le livre.

Ensuite petit travail écrit personnel sur le classeur.
À quoi vois-tu, page 45, que cette reconstitution n'évoque pas la préhistoire ? (importance de l'écrit pour marquer le début de l'histoire).

Noëlle Reiso
Institutrice à l'école élémentaire

 

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