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Quand la presse vient à l'école

Le journal, un outil privilegié pour avoir accès à l’information, peut être utilisé de façon plus originale pour l’étude et la créativité dans le cadre d’activités formatrices bilingues à l’école secondaire supérieure.

Ma collègue d’Italien vient me voir un jour pour me demander si je suis d’accord pour travailler ensemble sur les nouveaux programmes de la dernière année de l’école supérieure, et notamment sur les nouvelles typologies proposées à l’épreuve écrite de " l’esame di Stato " en Italien et en Français. Il est vrai que nous devions faire face à plusieurs innovations et nous organiser pour préparer les élèves à une nouvelle façon de passer l’examen.
La typologie de production écrite qui a immédiatement attiré notre attention a été l’article de presse proposé à l’écrit d’Italien, car cette activité aurait pu nous permettre non seulement d’entraîner les étudiants à l’écriture mais aussi à affronter, par la même occasion toutes sortes de thèmes de réflexion que ce soit dans l’actualité ou à un niveau plus littéraire. Étant donné que l’une des vocations essentielles de l’enseignement de nos disciplines est d’élargir le champ culturel, d’éveiller la curiosité chez nos élèves vers la lecture et l’information, cette activité pédagogique nous semblait tout à fait appropriée.
De plus, je savais que depuis une dizaine d’années, en France, le Ministère de l’Éducation nationale organise " La semaine de la Presse dans l’école ", ceci d’ailleurs en partenariat avec l’ensemble des professionnels des médias. En effet, après quelques années de rodage, de plus en plus d’établissements scolaires français ont adhéré à cette initiative et les projets concernant la presse font désormais partie des activités pédagogiques régulières dans tous les types d’écoles, de l’école primaire aux collèges et aux lycées.
C’est ainsi que nous décidons donc de faire appel à des personnes compétentes en la matière et que nous nous mettons en contact, avec l’aide de Germana Revel, détachée au Bureau d’Éducation Bilingue cette année-là, avec le bureau d’Inspection de l’Éducation nationale de Annecy III représenté par M. Gaingoin qui y occupe la fonction d’inspecteur.
Notre première nécessité est de nous procurer du matériel pédagogique, en langue française comme en langue italienne ; puis nous commençons à étudier les textes suivants afin de nous faire une idée sur la question : " Les dossiers pédagogiques du CLEMI sur les semaines de la presse dans l’école " (pour d’éventuelles informations, taper
http://www.clemi.org ).
Ces informations ajoutées à ce que nous avions glané par-ci par-là au cours de nos travaux sur la production écrite, nous parvenons à identifier quelques activités susceptibles d’être approfondies en classe. Ainsi nous décidons de faire travailler nos deux classes de quatrième ITI, la quatrième Electronique et la quatrième Mécanique : le groupe de travail constitué est composé par les deux professeurs d’Italien, Mme Letizia Costa et M. Paolo Perrucchione, et moi-même, en tant que professeur de Français. Pendant les journées des 10 et 11 octobre 2000, il est prévu que M. Gaingoin et Mme Driay, coordinatrice académique, viennent travailler dans nos classes et apporter ici l’expérience de ce qui se fait dans les établissements français.

Globalement, les thèmes sur lesquels nous décidons de travailler sont les suivants :
• observation/analyse d’un article de presse et prise en considération des éléments objectifs caractérisant ce type d’écriture ;
• comparaison avec les articles en langue italienne ;
• problème de la recherche et de la sélection de l’information ;
• constitution d’une page de journal, La Une, en tant que représentative du choix de la rédaction et du besoin de hiérarchisation des informations.
En gros, ces activités sont divisées en deux groupes ; une première partie de travaux qui seront effectués séparément dans chaque groupe/classe avec le professeur d’Italien ou celui de Français, une seconde partie des activités sera réalisée en présence des intervenants extérieurs avec les deux groupes réunis.

En ce qui concerne les compétences des élèves

En fait, au commencement des activités, les élèves possèdent déjà un certain nombre de compétences, notamment en langue italienne.
Ils ont déjà participé au concours organisé par le quotidien La Stampa qui avait pour but d’inviter les jeunes à produire une édition d’un journal en langue italienne, en procurant à notre établissement scolaire un logiciel avec lequel la mise en page est possible. Une partie des élèves, en particulier, ont produit de nombreux articles de type informatif en partant des nouvelles locales et en affrontant aussi des arguments sportifs, d’actualité, technico-scientifiques et culturels. Un élève, ayant la fonction de rédacteur en chef, a écrit un article de fond, certains autres ont essayé la critique et d’autres se sont lancés dans la production de messages publicitaires et de petites annonces. Ces expériences préalables permettent donc d’affronter la construction de la Une avec une certaine sécurité (voir illustrations des pages de la Une produites par les élèves).
En ce qui concerne les capacités expressives des élèves en langue française, il faut signaler qu’au départ les compétences sont assez hétérogènes ; certains parviennent à composer des textes écrits corrects sur le plan grammatical et syntaxique alors que d’autres ont encore des difficultés. Par contre, tous possèdent déjà une bonne compétence au niveau de la compréhension orale et écrite ; ils sont déjà habitués à lire des articles d’actualité ainsi qu’à caractère technique ou scientifique ; ils peuvent suivre également sans problème les indications qui leur seront données par les intervenants extérieurs qui leur parleront exclusivement en français.

Description des travaux effectués per les deux classes

Première activité

Objectif : Prise de contact avec la presse française et la terminologie française.

Cette activité est menée par le professeur de langue française, pendant le cours de français et séparément dans les deux classes. Elle vise principalement à donner aux élèves un certain nombre de connaissances et d’informations considérées comme pré-requises pour l’exécution du projet global.
Le matériel utilisé est constitué par des photocopies reproduisant des modèles de pages de quotidiens ou d’articles ; une liste de terminologie spécifique leur est également fournie.
Les différents travaux effectués sont la lecture des modèles et la recherche de mots correspondants en italien, le repérage des titres, sous-titres etc, l’observation de la Une d’un quotidien français et l’analyse de quelques types d’articles, un exemple de plan explicatif et un article avec les 5 W : who, what, when, where, why.
Le temps prévu pour ces activités est de trois heures (observation + exercices).
Ensuite, on demande aux élèves de chercher dans un quotidien italien, français ou local, un exemple semblable à ce qu’ils ont observé en classe, ainsi que des exemples de nominalisation des titres, modalisation dans l’emploi du conditionnel ou la mention de la source, de brèves, d’interviews, de faits divers, etc.
Il s’agit donc principalement d’un simple travail de repérage des éléments caractéristiques de l’écriture journalistique.

Deuxième activité

Objectif : Observation et reproduction de la Une du journal

Cette activité constitue la première parmi les travaux interdisciplinaires et est suivie par les professeurs d’Italien et de Français, ainsi que par les formateurs. Elle vise à synthétiser rapidement les notions de base de l’information écrite et à faire réaliser aux élèves une maquette de la Une en italien, après avoir établi les différences principales entre la rédaction dans les deux langues.
Le matériel utilisé est constitué par des quotidiens italiens et des quotidiens français distribués par groupes d’élèves, des feuilles à grand format ; pour les productions d’articles, les élèves travaillent dans le laboratoire d’informatique.
Les formateurs proposent l’observation des quotidiens et l’identification des différentes parties constituant la première page (bandeau, manchette, titres...) à propos de quelques événements qui ont fait La Une en France (l’accident du Concorde, les Jeux Olympiques...). Ils proposent aux élèves une grille d’observation dans laquelle ils doivent relever les éléments constituant la première page, par exemple : le logo, l’adresse, le sommaire, les articles principaux, les illustrations, les légendes, etc. Le même travail est effectué sur des quotidiens italiens afin de les comparer.
Au cours de l’observation, une distinction est établie entre les titres incitatifs et les titres informatifs, le type d’arguments qui sont le plus mis en valeur ; cette synthèse permet de réfléchir sur la façon dont les élèves vont construire leur Une et les choix hiérarchiques qu’ils vont effectuer sur les arguments. La durée de ces travaux est en gros de trois heures.
Une fois ces activités effectuées avec les formateurs, les élèves vont travailler dans leur classe avec le professeur d’Italien pour la réalisation définitive de la page. Ils se rendent en laboratoire d’informatique pour relever les informations sur Internet qui leur permettent d’écrire les articles de leur choix ; ensuite, à l’aide du logiciel sur la mise en page, ils constituent chacun leur Une, en ayant soin de respecter et de reproduire tous les éléments observés auparavant(voir illustrations des pages de la Une produites par les élèves). Etant donné que cette activité implique la rédaction de plusieurs articles pour chaque élève, c’est celle qui prend le plus de temps et s’étend en gros sur un mois, dans les heures dédiées à la production écrite en italien.
Le professeur d’Italien évalue le résultat final en tenant compte des indicateurs habituels sur la production écrite (grammaire, orthographe, ponctuation, lexique, cohérence textuelle et organisation et clarté du discours) mais aussi sur la composition technique et graphique de la Une.

Troisième activité

Objectif : Réécrire individuellement un article en français et un en italien à partir de données et informations proposées.

(Epreuve de langue italienne à l’examen de fin d’études). Cette activité est effectuée séparément en cours de Français et en cours d’Italien.
Le matériel utilisé est constitué par des photocopies d’articles différents sur un même argument, de rapports, d’illustrations, de comptes rendus, etc., pouvant apporter des informations ultérieures ; ce sont les enseignants qui établissent un choix des thèmes proposés (un peu plus simples en français) et composent un ensemble des textes et informations qui serviront aux élèves.
La procédure est de distribuer le matériel à disposition et de demander aux élèves d’écrire un article personnel sur l’argument en question. L’évaluation est faite dans les deux langues, selon les critères déjà établis pour la production écrite, c’est-à-dire que l’on tient compte du niveau de compétence en orthographe, grammaire, lexique, articulation et clarté du discours, mais que l’on observe également la capacité des élèves à respecter les éléments constitutifs de l’article tels que la présence des titres, sous-titres, l’attaque initiale, la chute, etc.
Auparavant, deux ateliers d’écriture ont été constitués avec les formateurs toujours accompagnés par les enseignants. On observe deux enquêtes extraites d’un quotidien français sur le thème du dopage aux Jeux Olympiques et celui des " Journées sans voitures " dans les villes. On travaille sur le choix des sujets d’articles et sur le type d’enquête qui doit être effectué avant ; on insiste aussi sur le point de vue selon lequel l’élève compose son article. Cette activité avec les formateurs dure trois heures.
Ensuite, dans chaque classe, les travaux sont effectués séparément avec le professeur de Français et celui d’Italien. Le temps prévu est de trois heures dans chaque langue pour la rédaction de l’article.
Les deux exemples d’articles reproduits ci-dessous ont été composés en classe de Français. Le professeur a fourni une documentation bilingue (français et italien) et a demandé aux élèves de rédiger en langue française un article de presse conçu selon leur choix (avec les 5 W, de type purement informatif, ou bien de type argumentatif) sur deux colonnes ; ils ont dû également en inventer le titre et le sous-titre. Les élèves peuvent choisir entre deux propositions.
La première est constituée par trois articles sur les sports de neige et la pratique correcte du ski alpin et du snowboard :
" Il supercafone sale in montagna " extrait de La Stampa,
" L’interdiction du hors-piste ..." extrait de Bonjour de France, " Snow-board : trois questions avant d’en acheter un " extrait du quotidien Le Matin Dimanche. La production de l’élève montrée ici représente bien le ton journalistique et plutôt polémique utilisé dans un article qui défend une certaine position, et la chute finale est particulièrement originale ; l’élève a également soin de bien tenir éveillée l’attention du lecteur.
La deuxième proposition concerne l’inondation survenue le 15 octobre 2000 et se base sur un texte bilingue de A.V. Cerutti, " Giove Pluvio, le golene e gli uomini ", extrait de L’informazione.
Le second article d’élève présenté ici est de type informatif dans une première partie car il tente de donner une explication technique des graves événements survenus en octobre 2000, mais il prend ensuite un ton plus argumentatif, annoncé habilement dans le sous-titre, car il dénonce aussi certains faits. Ici aussi on observe une attention particulière à ménager une chute finale de l’article qui termine en conclusion " ouverte " .

SURFEURS : À TOUTE VITESSE ! !

Comment transformer une mode en style de vie.

Toujours insultés, menacés, inculpés, chaque hiver le peuple des surfeurs est accusé d’être coupable d’avoir provoqué des milliers et des milliers d’accidents et plusieurs avalanches.

Il y a quinze ans que le snowboard est entré comme mode en Italie ; aujourd’hui c’est plus qu’une mode, c’est un style de vie. Regardez les groupes d’amis qui, surtout le week-end, se préparent pour aller faire du snowboard, regardez leurs yeux, ils attendent pendant une semaine, c’est leur journée. Dans cette journée ils ne pensent à rien, seulement à s’amuser. Mais quand ils arrivent sur les pistes ils se sentent observés, tous ceux qui ont des skis aux pieds les regardent mal. C’est une image très fréquente pour les surfeurs, mais ils sont habitués, c’est normal...

Les skieurs sont coalisés contre eux, à chaque avalanche, à chaque accident, ils donnent la faute aux surfeurs. On les accuse d’être des inconscients, d’aller trop vite sur les pistes, de faire des sauts et des figures seulement pour se faire voir. C’est vrai, peut-être, mais je sais la raison, elle est très simple, c’est leur RÉVOLUTION.

Révolution contre toutes les autorités qui ne veulent pas créer des snowparks, des pistes seulement pour eux. Ils cherchent à faire comprendre que ce sport n’est pas seulement une mode, une chose qui disparaît, pour eux il est devenu une expérience à raconter, une fête, un style de vie.

Et en été ? En été ce peuple ne se rend pas ! La guerre pour avoir des skateparks est ouverte ! ! ! !

Fabrizio Falcomatà
4ème Mécanique


Inondation : Basse Vallée toujours menacée.

Le développement inconscient de l’urbanisme valdôtain.

Pendant les dernières années l’homme a tenté, avec les nouveaux moyens technologiques, de modifier les caractéristiques hydrographiques de la Doire et aussi des autres cours d’eau et des torrents de montagne, surtout pour gagner du terrain pour construire de nouveaux établissements industriels dans la Basse Vallée d’Aoste.
De grands murs ont été construits pour empêcher que l’eau de la Doire puisse sortir de son lit et envahir les terres plates où on veut édifier.
Dans le passé, les habitants de la Vallée d’Aoste savaient très bien que c’était dangereux de bâtir des maisons dans ces plaines, parce que celles-ci, pendant les grandes pluies, sont inondées par la Doire, et ont la fonction d’absorber l’eau et donc de réduire la force du courant.
Mais aujourd’hui, avec l’augmentation de la population de la Vallée d’Aoste et le développement industriel, on a de plus en plus besoin d’espace pour édifier maisons et structures industrielles.
Le même problème on le trouve dans les vallées latérales, où les cours des torrents ont été modifiés et déplacés pour les mêmes raisons. Mais quand la pluie tombe sans cesse pendant des journées, les eaux des torrents deviennent incontrôlables et, comme il s’est passé dans la dernière grande pluie d’octobre 2000, cherchent à retourner dans leur lit original, en provoquant beaucoup de dommages aux villages. Les conséquences de la dernière inondation ont été très graves, la Doire arrivait très vite et avec une énorme quantité d’eau. Près de Bard où le lit du fleuve se rétrécit, l’inondation a donc été terrible, la zone industrielle de Hône a subi des dommages très graves, aussi beaucoup de maisons ont été endommagées.
Maintenant on doit reconstruire et aussi il faudra chercher une solution efficace pour un problème qui peut se présenter de nouveau cette année ou les prochaines.

Daniele Bertello
4ème Electronique

 

Conclusion de l'activité

Globalement, les deux classes ont bien répondu aux sollicitations des enseignants. Il suffit d’observer les produits obtenus d’une part pour s’en rendre compte, mais aussi l’attitude des élèves durant les activités, qui a été généralement positive. En ce qui concerne l’intervention des deux formateurs extérieurs, si dans un premier temps les élèves se sont montrés un peu inquiets et surpris par une méthode de travail différente de celle à laquelle ils étaient habitués, ils se sont ensuite bien adaptés et ont participé activement aux travaux. On remarquera toutefois que ce genre d’initiative requiert une subdivision des groupes d’élèves ou tout simplement la possibilité d’opérer dans des classes de 15/16 élèves au maximum, aussi bien au niveau de l’utilisation du laboratoire d’informatique qu’au cours des différentes étapes d’analyse et de création, afin que l’opportunité soit donnée à tous les apprenants, même les plus lents ou les plus faibles en production écrite, d’être suivis et épaulés correctement.

Il ne faut pas oublier non plus qu’il s’agit là d’une expérience enrichissante également pour les enseignants qui ont eu ainsi l’occasion de se confronter avec leurs collègues d’outre-Alpes et d’apprendre une méthodologie, peut-être plus pratique, plus concrète, à laquelle nous ne sommes pas toujours accoutumés dans les écoles italiennes.

Annie Vuillermoz
Professeur de langue et civilisation française à l’école moyenne supérieure en fonction à l’ISITIP de Verrès. Auteur de quelques publications et traductions en langue française.

 

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