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Merci les parents!

C'est vrai qu'à l'école maternelle les institutrices ont l'occasion de voir les parents tous les jours, quand ceux-ci accompagnent les petits. Mais les avoir aussi disponibles que dans notre école, nous pensons que ce n'est pas aussi courant que cela. C'est pourquoi, au nom de mes collègues, je tiens à remercier les papas et les mamans et à le faire savoir autour de nous. Car, d'après ce que nous entendons dire, il n'est pas toujours facile de gérer les rapports des adultes avec l'école de leurs enfants.
Pourtant, je voudrais vous parler de l'expérience que nous vivons à la maternelle régionale du chef-lieu de Saint-Vincent, depuis l'année scolaire 1998-1999, à deux ans seulement de la création de notre établissement.
Nous appelons « journées d'accueil » les rencontres que nous effectuons avec les parents afin de faciliter l'insertion en milieu scolaire des nouveaux élèves de trois ans. Quelle n'a pas été notre joie quand une maman nous a proposé spontanément sa collaboration pour approfondir la pratique du français ?
Avec mes collègues, Nadia Farina, Lucia Personnettaz et Federica Pietrosanti, nous avons été tout de suite vraiment ravies de pouvoir profiter de cette précieuse ressource car, en plus d'être la maman d'un de nos petits écoliers, Madame Enrica Morise enseignait alors au lycée scientifique situé tout près de notre établissement. Elle pouvait ainsi nous rendre visite pendant une heure, toutes les semaines, sans que son emploi du temps en soit bouleversé. Ensemble, nous avons mis sur pied l'atelier d'expression orale française en choisissant des livres de la série « Valentine à la bibliothèque ».
A chaque fois, c'était l'émerveillement. Tous assis par terre sur le tapis, les enfants buvaient littéralement les histoires que la maman racontait ; elle aussi était accroupie par terre. Les enfants ont beaucoup apprécié ces rencontres car cette maman a su capturer leur attention en multipliant d'agréables surprises au bon moment. Parfois tout le monde était invité à bricoler des animaux en papier coloré et, pour l'occasion, les enfants maniaient avec désinvolture les couleurs, les ciseaux, la colle. Parfois elle préparait des bricolages qu'elle confectionnait elle-même à la maison avec l'aide de son mari. Parfois c'était une petite chanson, d'autres fois encore quelque petit sketch au cours duquel elle mimait les personnages. A la fin de chaque séance, avec l'aide des institutrices, elle programmait les nouvelles rencontres que l'on peaufinait encore au téléphone la veille au soir.
Tout se passait merveilleusement bien, si bien que, le reste de la semaine, souvent les enfants nous demandaient quand est-ce que la maman de Frédéric allait revenir nous raconter une nouvelle histoire.
Les deux classes de la maternelle ont pu profiter de l'initiative. Un climat serein régnait grâce à la discrétion et à la sensibilité de Madame Morise, même si il est vrai que, comme toutes les mamans, elle ne connaissait pas beaucoup notre réalité et nos rythmes de travail. A la fin de l'année scolaire, on a pu vérifier que tous les enfants avaient participé avec plaisir aux rencontres ; ils étaient plus à l'aise en français et même ils maniaient mieux certaines structures syntaxiques. Voici ce que la maman en question nous a communiqué à la suite de son expérience :
« Le souvenir que je garde des mercredis matins où je me rendais à l'école maternelle de Saint-Vincent, fréquentée par le cadet de mes enfants, Frédéric, est des plus précieux à mes yeux. L'approche des enfants était, bien sûr, différente par rapport à celle des lycéens que je côtoie au quotidien, mais l'émerveillement et la vive curiosité - si aisément piquée - que leurs yeux exprimaient m'interrogeait sur mes démarches didactiques de routine. C'était loups en papier colorié, tortues sous la pluie, escargots ensommeillés, maquereaux argentés, mouches rosés que des chansons, des comptines, des historiettes faisaient voltiger dans la salle, puis se poser gentiment sur le groupe silencieux d'enfants accroupis sur le tapis, ravis par les couleurs de leur rêverie...»
« La petite graine en a fait germer d'autres », car les enfants, en rapportant cette expérience à la maison ont eu, eux aussi, envie de voir leurs parents chez nous. C'est ainsi que, dans notre école, est née la tradition du théâtre des parents.
Chaque année, pour la fête de Noël, de nouveaux acteurs - papas et mamans - s'alternent sur la scène. Et c'est toujours la même joie pour les petits, évidemment, mais aussi pour leurs parents qui se retrouvent parfois dans la peau d'un animal issu de quelque fable adaptée aux besoins du moment.
Voici comment la fête se prépare : au cours du mois de décembre, à l'aide d'une petite affiche, les institutrices invitent les familles à monter une petite comédie sur un thème choisi à l'avance et toujours lié à un sujet traité en classe.
Par exemple, pour le spectacle de la Noël 1999, enfants et parents ont mis en scène l'histoire que les écoliers de l'école élémentaire de Saint-Vincent avaient inventée : « La brutta principessa di Ussel addormentata nel bosco ». Pour la Noël 2000, quand les enfants ont eu l'occasion de travailler en classe un récit de Gianni Rodari « A sbagliare le storie », les parents ont eu la possibilité d'inventer et de mettre en scène la fin de l'histoire intitulée « Cappuccetto arcobaleno ». Une de ces mamans « actrice » nous a remercié en disant que nous lui avions appris une nouvelle façon de se mettre en jeu en restant aux côtés de ses enfants.
C'est avec beaucoup de plaisir et la joie au cœur que je termine en disant : « un grand merci à vous les parents, et sachez que la porte vous est toujours ouverte. »

Ivana Demarchi

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