Le projet Pôle d’excellence : éducation et formation - ALCOTRA

L’Assessorat de l’éducation et de la culture a porté à sa conclusion en 2012 un projet particulièrement ambitieux, cofinancé par le programme européen ALCOTRA. Ce projet dénommé Pôle d’excellence : éducation et formation - PEEF s’est réalisé sur la période février 2009-octobre 2012 et a caractérisé la coopération transfrontalière dans les domaines de l’éducation et de la formation.

L’objectif était celui de créer des synergies et des convergences entre les systèmes éducatifs de part et d’autre, afin qu’ils puissent s’avantager de cette mise en résonance et se renforcer des expériences les plus fructueuses.

Le projet PEEF a concerné tous les territoires à proximité géographique de la zone franco-italienne: la Vallée d’Aoste, le Piémont et la Ligurie, d’un côté ; les régions Rhône Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur de l’autre. Globalement 25 partenaires institutionnels s’y sont investis, dont quelques-uns avaient une expérience de coopération déjà ancienne : c’est le cas de notre région, engagée depuis 1996 dans un partenariat fort avec l’académie de Grenoble.

Sur la période 2009-2012, la Vallée d’Aoste a pu bénéficier d’un budget de 1 million 768 mille euros affectés à ce projet de coopération, confirmant une capacité de mise en œuvre des actions prévues et un aboutissement remarquable dans la mobilisation du monde de l’école et de la formation professionnelle au sens large.

La plus-value de ce projet est représentée par l’impact fédérateur des actions réalisées, destinées prioritairement aux jeunes générations et ciblées sur leur formation en dimension européenne.

Quatre axes de travail ont été pris en compte dans le projet PEEF :

-La mobilité des jeunes et les partenariats scolaires

-Les parcours bilingues et binationaux ESABAC conduisant au double diplôme franco-italien de fin des études secondaires

-La formation professionnelle et la découverte transfrontalière des métiers

-Le partage de bonnes pratiques, notamment dans la lutte contre le décrochage scolaire.

Ces axes se sont déclinés dans des actions spécifiques :

Axe I - Dynamiques de réseaux et partenariats transfrontaliers

Action 1 : Mobilité des jeunes et partenariats entre établissements autour des thématiques communes suivantes:

Patrimoines, cultures et territoires

Développement durable et écocitoyenneté

Langues et cultures ; ouverture européenne

Mémoire et culture démocratique de la paix

Sport et territoires

 

Action 2 : accompagnement des projets pédagogiques et renforcement du bilinguisme sur l’ensemble du territoire, dans la perspective du plurilinguisme prôné par la Commission européenne

 

 

Axe II – Expérimentations pilotes et parcours de formation conjoints à dimension européenne

 

Action 3 : réseau expérimental ESABAC avec mobilité des élèves dans le cadre des périodes de scolarisation temporaire, mobilité et formation des personnels, conception et diffusion de supports didactiques, élaboration de cursus conjoints et création de groupes de réflexion pour les langues et les disciplines non linguistiques

 

Action 4 : mobilité et formation conjointe des enseignants - formation initiale et continue

 

Axe III – Mobilité transfrontalière et formation professionnelle

 

Action 5 : mobilité transfrontalière des apprentis et des jeunes en formation professionnelle

Action 6 : découverte transfrontalière des métiers, participation d’un public transfrontalier aux forums des métiers et à d’autres manifestations organisées de part et d’autre

 

 

Axe IV – Partage de bonnes pratiques de politique et de gestion transversale. Transfert des bonnes pratiques et des compétences

 

Action 7 : échanges de bonnes pratiques autour de la lutte contre le décrochage scolaire et sur les stratégies mises en place contre les sorties du système éducatif sans qualification

Action 8 : communication et valorisation, au niveau macro sur l’ensemble du projet (séminaire de lancement et de clôture, séminaires par thèmes, diffusion de matériel, portail) comme sur chaque territoire relativement à  des actions ciblées

Action 9 : coordination, pilotage et évaluation par un comité restreint

 

Les résultats atteints à la clôture du projet en octobre 2012 sont significatifs pour la Vallée d’Aoste.

Voilà quelques aboutissements, à titre d’exemple.

En 2012 une trentaine de projets de partenariats ont concerné principalement les écoles maternelles, les écoles élémentaires, et les écoles secondaires du premier degré. Globalement plus de 5 mille élèves ont participé aux échanges de classes, aux rencontres organisées de part et d’autre de la ligne de frontière, ainsi qu’aux activités à caractère sportif assurées par la Fondation Montagna Sicura et par l’ASIVA qui avaient l’objectif de sensibiliser tout particulièrement ce jeune public aux risques naturels et à une approche responsable du milieu montagnard.

Des initiatives à caractère linguistique et culturel (rencontres thématiques, théâtre, concours divers,…) ont vu une adhésion importante, notamment des lycéens valdôtains.

Il  vaut la peine de rappeler ici la participation de jeunes de la Vallée d’Aoste au Concours national français de la Résistance et de la Déportation, qui a exprimé des productions originales appréciées pour leur qualité et par l’approfondissement réfléchi du sujet proposé. Le thème retenu pour l'édition 2012 de ce concours était Résister dans les camps nazis. Les candidats  étaient invités à l’aborder en présentant les différentes formes qu'a pu prendre cette résistance et les valeurs qu'en transmettent les déportés par leur témoignage. Cette année une classe du lycée scientifique Binel Viglino de Pont-Saint-Martin a obtenu une mention spéciale attribuée per la Ministère français de l’éducation nationale, dans la catégorie Travail collectif – audiovisuel : leur DVD dont le titre était Résister a analysé différents aspects relatifs à la survie, à la dignité, à la révolte, à la fraternité, par le biais de textes sélectionnés et lus par les élèves-mêmes, de musiques, d’images, d’œuvres d’art, de témoignages directs illustrant les différentes facettes que peut recouvrir ce verbe. Dans leur recherche documentaire, ils ont recueilli entre autre les récits de deux anciens internés valdotains, qui notamment, dans les pensées récurrentes de leur maison et du Pays natal, avaient cherché la force pour survivre aux camps nazis.  Vecteur essentiel de transmission de la mémoire, ce concours national français a offert à nos élèves l'opportunité d'approfondir leurs connaissances sur certains aspects fondamentaux de l'histoire de la Seconde guerre mondiale en prenant appui sur des témoignages et des événements liés à leur territoire d’origine. Or, le choix fait par la classe valdotaine dans cette dimension a été récompensé au plus haut niveau.

En parallèle, dans le cadre du  dispositif Esabac, désormais validé au niveau binational par les Ministères italiens et français suite aux accords intergouvernementaux de 2009 et 2010, les élèves de 5 lycées de la Vallée d’Aoste proposant la filière Esabac ont affronté lors de l’examen d’État 2012 les épreuves spécifiques à ces parcours bilingues et binationaux, qui permettent d’obtenir le double diplôme franco-italien.

La quatrième épreuve écrite Esabac, dont les sujets sont conçus par le Ministère français, concerne la langue et la littérature française, ainsi que l’histoire en langue française, et est complétée par un oral de français.

Les lycéens de la Région qui se sont présentés à cet examen en juin dernier étaient au nombre de 129, un total déjà significatif, et 117 d’entre eux ont obtenu ce double diplôme, ce qui représente un taux de réussite de 90,7 pour cent.

Il est bon de rappeler que cette action a été lancée en Vallée d’Aoste  et dans l’académie de Grenoble déjà dans le cadre du précédent programme européen INTERREG, avec une expérimentation pilote sur des lycées volontaires. Dans le cadre de la programmation Alcotra, le projet Esabac a concerné la zone entière à cheval entre la France et l’Italie, condition qui a favorisé notamment la mobilité étudiante. En fait sur cette zone transfrontalière ont été proposées aux élèves les Périodes de scolarisation temporaire, caractéristique originale de ce dispositif : il s’agissait pour les jeunes de faire une expérience de quelques semaines dans un lycée partenaire français, à renouveler tout au long des trois années d’étude, ce qui leur a permis de se confronter avec un système scolaire différent, avec d’autres méthodes et cultures pédagogiques, tout en renforçant leurs compétences linguistiques et interculturelles.

D’un autre côté, la dimension de la formation professionnelle et de la découverte des métiers sur l’espace transfrontalier n’a pas été négligée dans le projet PEEF ; bien au contraire, elle a eu un certain succès auprès des filières techniques et professionnelles, notamment dans certains domaines tels que la mécanique de précision, l’électrotechnique, comme dans l’hôtellerie et l’ébénisterie. De ce point de vue, la zone frontalière a permis de connaître de près des technologies d’avant-garde, grâce aux stages d’excellence proposés aux élèves de ces formations, avec une attention particulière aux sources d’énergies renouvelables et au développement durable.  En parallèle, grâce à la forte synergie de la Vallée d’Aoste avec la Région Rhône Alpes, des classes de la formation hôtelière et du bois ont eu l’occasion de proposer leur propre savoir-faire face à un vaste public de jeunes et d’adultes lors du Mondial des Métiers, salon international qui s’est déroulé en février dernier à Lyon.

Ces expériences formatives se sont révélées particulièrement significatives car la découverte de professions et de métiers jointe à la connaissance des opportunités que l’espace transfrontalier offre en termes d’employabilité et de poursuite des études représente un véritable atout pour les jeunes générations. Dans ce sens la participation à des séminaires, foires et événements relatifs à l’orientation professionnelle a été fortement encouragée sur la zone Alcotra.

La formation des Chefs d’établissement et des enseignants a aussi été prise en compte dans le projet PEEF : leur participation à des stages en France, les échanges en co-animation, les séminaires de contact ont permis aux personnels de l’éducation d’élaborer des projets communs à l’intention des classes en partenariat, mais également de se confronter avec les points de force de nos systèmes éducatifs réciproques. Ils ont pu travailler en synergie avec les homologues français à l’occasion de séminaires conjoints et dans des groupes de travail spécifiques, en développant de cette sorte une culture éducative partagée et en capitalisant les bonnes pratiques.

Un chantier qui a lancé des pistes intéressantes de coopération est celui de la lutte contre le décrochage scolaire, un sujet sensible qui a été approfondi par l’échange et l’expérimentation de bonnes pratiques. Les groupes de travail franco-italiens et les expériences les plus significatives qu’on a relevées ont donné des résultats fructueux qui mériteraient d’être développés et renforcés dans le futur.

L’innovation à l’école avec les nouvelles technologies n’a pas été omise dans le PEEF.

L’Assessorat de l’éducation et de la culture a lancé, à l’automne 2012, une action novatrice à l’intention des classes Esabac de la région, avec l’objectif de mettre en place une expérimentation pilote pour ces parcours bilingues et binationaux, véritable formation d’excellence conduisant au double diplôme franco-italien.

Les fonds attribués au projet de coopération transfrontalière ont permis d’envisager l’acquisition d’outils multimédia avancés : 92 iPad ont été destinés aux élèves des classes de terminale et à leurs enseignants, favorisant ainsi une approche didactique innovante, renforçant l’apprentissage interactif et l’utilisation des manuels numériques, en cohérence avec les recommandations du Gouvernement italien.

 

Pour soutenir et consolider l’utilisation des nouvelles technologies en classe, l’Assessorat a souhaité aussi renforcer la dotation en tableaux blancs interactifs des Institutions scolaires : c’est ainsi que 24 nouveaux tableaux ont été répartis équitablement entre les établissements de la région.

 

En dernier lieu, approchant la clôture du projet en 2012, l’Assessorat de l’éducation et de la culture a souhaité vérifier l’impact du PEEF sur l’économie de la Vallée d’Aoste, montrant ainsi un fort intérêt pour les effets concrètement mesurables de ce projet qui, s’il a apporté en premier une valeur ajoutée dans l’éducation et la formation des jeunes, a entrainé également des résultats en termes d’investissements et de retombées sur le territoire.

 

En fait, la dynamique soutenue par la coopération a comporté sur l’ensemble  de la région une mobilisation des divers acteurs qui opèrent dans différents secteurs et services : des transports, de la restauration, des biens culturels, pour ne faire que quelques exemples. Ces biens et services ont été fonctionnels aux nombreuses rencontres d’élèves qui se sont réalisées dans notre région, aux visites guidées des classes et aux sorties de découverte du riche patrimoine local, ainsi qu’aux séjours des partenaires français en Vallée d’Aoste.

 

Ces initiatives au-delà de représenter une occasion d’approfondissement et de connaissance directe des spécificités culturelles, linguistiques, environnementales qui sont la richesse du territoire valdôtain, ont aussi eu toute une suite de résultats financiers et par conséquent de dynamisation du tissu économique qui va bien au-delà de l’investissement initial.

L’étude de ce volet économique a été confiée à l’Université de la Vallée d’Aoste.

 

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