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Le chemin est bien long

 

Dans le lycée d'une banlieue tranquille, des devoirs communs par discipline sont prévus en décembre pour les classes de terminale. Le programme des épreuves a été élaboré par la proviseure-adjointe à partir des propositions des coordonnateurs des matières concernées. Le planning, largement diffusé, affiché, semble validé par tous.
La proviseure reçoit alors une lettre de protestation des professeurs de science de la vie et de la terre : ils avaient décidé de ne pas participer à ces contrôles de connaissances et, pourtant, des épreuves ont été programmées sur leurs heures de cours. Ils auraient voulu pouvoir travailler tranquillement dans leur coin. Comment finiront-ils le programme?

Le Lycée Paul Langevin de Suresnes

Le Lycée Paul Langevin est un établissement accueillant 1260 élèves dans des formations générales : littéraires, économiques, scientifiques, et technologiques tertiaires et scientifiques (techniques de laboratoire).
Sa particularité : l'enseignement des langues avec des sections européennes en allemand et en anglais, une section d'étudiants techniciens supérieurs en commerce international.

Des élèves délégués de plusieurs classes s'étonnent alors auprès de la direction : une après-midi de liberté a été ménagée pour leur permettre de souffler au milieu des épreuves et voilà que plusieurs professeurs se sont dépêchés de la combler en leur imposant des heures de cours.
La proviseure-adjointe a l'impression de se heurter à la quadrature du cercle et assure que les enseignants se débrouilleront tout seuls l'année prochaine pour organiser leurs devoirs.
C'est avec un peu de vague à l'âme que la proviseure aborde ce dossier lors de la réunion hebdomadaire de l'équipe de direction : cette cacophonie va au moins permettre de réfléchir à l'écart entre une décision collective, son affichage et des pratiques individuelles émergentes ; ensuite de pointer le manque de discussion approfondie sur la mise en place du projet dont toutes les conséquences n'ont pas été examinées.

Le travail en équipe : une efficacité à prouver

Dans cet établissement aux relations cordiales et plutôt sereines, la formalisation et l'approfondissement du travail collectif sont une difficulté. Contrainte pesante des locaux qui ne proposent pas des lieux de rencontre, qui gênent l'organisation du temps et la concertation. Piège de la convivialité et des habitudes en place : une majorité de personnels sont en poste depuis longtemps dans l'établissement, les personnes-relais ne changent pas (ce sont des acteurs importants dans l'établissement puisqu'ils permettent de faire circuler des idées, des propositions ; leur fonction n'est pas institutionnelle, mais ils sont engagés dans la coordination et sont responsables d'une action); cela ramollit la volonté de travailler ensemble de manière structurée et de construire une vision commune de l'établissement. La proviseure entend la complainte des couloirs et des salles des professeurs : il faudrait se réunir tout le temps, pour discuter ensemble d'un élève qui pose problème dans la classe, pour réfléchir à l'orientation en fin de seconde, pour préparer des sujets communs de devoirs… C'est la mobilisation constante. Si en plus, il faut rester le soir ou revenir une après-midi libre pour réfléchir au projet d'établissement ! Il faut lire en outre des textes préparatoires, écrire des comptes rendus, répondre à des questionnaires ; il y a des experts pour cela : la conseillère d'éducation, la conseillère d'orientation, le chef d'établissement. Sans oublier que nous ne sommes pas sûrs que les décisions prises soient les bonnes : un projet pour motiver les élèves dans chaque classe de seconde, tout le monde a voté pour. Et la seconde A, avec son projet sur les média, continue à avoir les élèves les plus pénibles du lycée.

Le projet d'établissement, une construction patiente

La situation a cependant beaucoup évolué depuis un an. Dès la rentrée 2006, les personnels enseignants élus au conseil d'administration avaient rencontré la nouvelle direction : le projet d'établissement était en sommeil depuis plus de trois ans, ils souhaitaient vivement que la démarche soit relancée.
Aussi, en octobre 2006, un groupe se crée, composé de la direction, de coordonnateurs de discipline, de la responsable du secteur éducatif ; il se met au travail avec enthousiasme sur le thème de la réussite des élèves : recueil de la perception des élèves de secondes concernant leur intégration au lycée et l'acquisition de nouvelles méthodes de travail ; recueil de la perception de toutes les catégories de personnels par le biais de questionnaires et d'entretiens.
En février 2007, ils organisent une soirée de lancement du projet d'établissement où ils présentent et mettent à la discussion la synthèse des interrogations et des perceptions des élèves et des personnels. Des pistes d'actions sont dessinées.
Le groupe programme une réunion pour les personnels enseignants où sera examinée l'enveloppe annuelle des moyens horaires prévue par le rectorat pour la rentrée suivante. La répartition au sein des disciplines est discutée ainsi que la part consacrée au financement de la politique de l'établissement.
En mars, des commissions rassemblant une majorité de personnels, quelques parents et élèves vont approfondir les propositions dégagées en février : faire en sorte que les classes de seconde se mobilisent autour d'un projet, apporter une aide aux élèves en difficulté, améliorer les conditions de vie et de travail de chacun. Ce seront les premiers éléments de la politique de l'établissement.
Entre mars et juin, les coordonnateurs de discipline sont sollicités par la direction pour discuter des objectifs à atteindre, de leur mise en œuvre et de leur évaluation.
En juin, le groupe coordonnateur du projet d'établissement a rédigé sa première mouture du projet d'établissement et la propose au conseil d'administration.

Le chemin est bien long

La première étape arrive à son terme, mais le chemin est bien long et l'énergie qu'il faut pour avancer considérable.
De l'énergie pour ne pas se contenter de rester dans les réactions interpersonnelles lorsqu'une difficulté survient, pour garder la mémoire des dysfonctionnements et les soumettre à la réflexion. Ainsi, les questions soulevées par cette semaine de devoirs communs seront soumises aux prochaines réunions des coordonnateurs de discipline qui chercheront ensemble les réponses à apporter.
Beaucoup d'écoute pour percevoir l'équilibre entre l'initiative individuelle, source de richesses, et le processus collectif qu'il faut interroger sans cesse pour lui garder vie et sens. Ainsi, une nouvelle rencontre sur l'avancée du projet d'établissement est en discussion pour l'ensemble des personnels : quel bénéfice les uns et les autres auraient-ils à en retirer ? Aucun s'il s'agit uniquement de planifier un rituel annuel. Le groupe coordonnateur du projet d'établissement travaille actuellement sur l'évaluation. Il y a là matière à intéresser les individus et à provoquer un débat riche pour l'avenir de l'établissement.
Trois thèmes en cours :
• l'évaluation des contrôles communs (quel intérêt pour les élèves d'une part, pour les professeurs d'autre part ?) ;
• l'évaluation de la qualité de vie au travail dans l'établissement (un questionnaire est en circulation) ;
• les effets attendus du projet d'établissement (des critères sont en cours d'élaboration).
Quant au chef d'établissement, sa responsabilité est immense : la mobilisation et l'énergie des personnels pour participer à l'élaboration de la politique du lycée sont proportionnelles à la force de son engagement. Optimisme et réalisme, réflexion et action, enthousiasme et retenue, puissance dans l'envie d'avancer et délicatesse dans les relations, fierté et humilité, communication intense et travail personnel en zone d'ombre et de germination, son parcours quotidien se déroule dans une tension permanente.
Avec un chef d'établissement qui garde sa foi et sa fraîcheur, du temps et de la patience, sans aucune interruption du processus, peut-être que l'établissement pourra acquérir une certaine compétence dans le travail en équipe et évoluer vers une culture plus coopérative…

LE FONCTIONNEMENT DU LYCÉE DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF FRANÇAIS

LA DIRECTION

L'équipe de direction du lycée est composée du proviseur, du proviseur adjoint, de l'intendant, du chef de travaux, des conseillers principaux d'éducation.

• Le Proviseur - Il représente l'état au sein de l'établissement. Il est le seul responsable juridique. Il peut déléguer certains de ses pouvoirs au seul proviseur-adjoint. Le chef d'établissement a une double mission d'organisation et de contrôle. Il a en charge l'application du Règlement intérieur, du Projet d'établissement. C'est également le responsable pédagogique et il veille à la qualité des enseignements. Il est le seul à pouvoir prendre des sanctions disciplinaires à l'encontre des élèves. Il préside le Conseil d'administration ou il représente l'État et il veille à l'exécution des dispositions prises par ce dernier. Il est l'ordonnateur des dépenses et des recettes de l'établissement.
Sa fonction est de gérer, animer et écouter. Il est responsable du bon fonctionnement de l'établissement, c'est pourquoi il travaille en équipe avec le proviseur-adjoint, l'intendant, les conseillers principaux d'éducation et les enseignants.
Par ailleurs, il préside différents Conseils (conseils de classe, conseil d'administration, conseil des délégués) et s'occupe de
l'organisation du lycée (structure des classes, de la répartition des heures de cours...) ainsi que de son évolution à travers le Projet d'établissement.
Il veille au bon déroulement des enseignements, de l'information des élèves et est responsable de la sécurité dans les locaux.
De plus en plus importante est sa fonction de « pilotage » ; il est chargé de l'élaboration de la politique de l'établissement à travers des outils tels que le Projet d'établissement et le Contrat d'objectifs.
• Le proviseur-adjoint - C'est le principal conseiller du proviseur. Concrètement, il est chargé de la mise en place des emplois du temps, de l'organisation des conseils de classe et des examens. Il a un rôle fondamental dans la vie éducative du lycée, car il suit tous les élèves avec les CPE et il est le contact privilégié des professeurs d'enseignement général.
Sa fonction consiste à seconder le Proviseur dans ses tâches pédagogiques, éducatives et administratives, sans oublier l'aspect relationnel de la fonction avec les différents membres de la communauté scolaire.
De plus, il s'occupe de la vie pédagogique du lycée : élaboration des emplois du temps, occupation et gestion des salles tout au long de l'année scolaire...
Il préside également les conseils de classe et assure le suivi pédagogique des élèves : orientation, inscription aux examens.
• L'intendant - C'est le directeur financier de l'établissement. Il prépare le budget et veille à sa bonne exécution. Son rôle est de vérifier que toutes les dépenses du lycée sont solvables. Il est le responsable des équipements du lycée. Il est également le responsable des agents techniques et ouvriers de service.
• Le chef de travaux - C'est le conseiller du proviseur pour les enseignements technologiques et professionnels. Il est l'animateur pédagogique de ces enseignements. Il est chargé des relations avec les entreprises. Souvent, il est également chargé de l'emploi du temps de son secteur. Il a aussi en charge les commandes, les équipements, la sécurité de l'enseignement technique. En outre, il gère le développement et le fonctionnement de la formation continue.

LA VIE SCOLAIRE

• Le conseiller principal d'éducation (CPE) - C'est, après les enseignants, l'adulte le plus proche des élèves, il est l'interlocuteur privilégié des élèves, chaque fois qu'il est question de l'organisation et du déroulement de leur vie quotidienne dans l'établissement. Il est responsable de toute la vie scolaire. C’est un animateur, un conseiller, un conciliateur et souvent un confident des élèves. Il gère les surveillants. C'est le CPE qui contrôle les absences, les retards des élèves et d'une manière générale toute la discipline concernant les élèves.
Au contact permanent des élèves, il s'efforce de créer un climat d'établissement et de favoriser les meilleures conditions de vie individuelle et collective. Pour cela, il travaille en étroite collaboration avec l'équipe de direction, le documentaliste, l'assistante sociale, l'infirmière et les enseignants afin d'assurer le suivi des élèves, de veiller à leur assiduité et de développer l'animation éducative et la vie culturelle du lycée.
• Autres adultes intervenant auprès des élèves : le Conseiller d'Orientation Psychologue (COP), le documentaliste et l'infirmière.

COMMENT FONCTIONNE LE LYCÉE? QUELS SONT SES PARTENAIRES?

• Le ministère de l'éducation nationale - Il définit la politique nationale de l'éducation, les diplômes, les modalités d'examens, les contenus des référentiels. Du ministère dépendent aussi les nominations, les mutations des enseignants.
• Le rectorat - C'est la représentation de l'état au niveau local. Il est chargé de la politique locale de l'éducation nationale. Il décide de l'ouverture ou de la fermeture des formations, du contrôle pédagogique des enseignements (inspecteurs). C'est également lui qui met en place les calendriers des examens. Il est aussi chargé de la formation continue des enseignants et de la formation professionnelle.
• La région - Depuis la loi de décentralisation, c'est la région qui a en charge le financement des lycées. Elle attribue les subventions de fonctionnement, elle prend en charge les bâtiments. C'est elle aussi qui finance tous les équipements pédagogiques. Elle est partie prenante dans la décision d'ouverture des formations. Pour les collèges, c'est le Conseil général qui remplit ce rôle, pour les écoles ce sont les municipalités.
• Les parents d'élèves - Ils sont les partenaires privilégiés dans la formation d'un élève. Mais d'une manière institutionnelle, ils sont représentés par les associations de parents qui sont membres des conseils d'administration, conseils de discipline, commissions de recrutement...
• Les entreprises - Les entreprises, ou plus généralement le monde économique, sont des partenaires de la formation à tous les niveaux. Au niveau de l'établissement, les entreprises participent à la formation par le biais de stages, par le versement de la taxe d'apprentissage dans les établissements techniques, par la participation aux jurys d'examens. Elles sont aussi des déclencheurs pour l'ouverture de formation professionnelle. Par le biais de leur représentation (branches professionnelles), elles participent à la mise en place de nouvelles formations et à la constitution des référentiels de formation.

 

Michèle Amiel

 

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